mardi 28 décembre 2010

MERIMEE LE PARISIEN.

CHRONIQUE : Un lieu, un écrivain - PROSPER MERIMEE

MERIMEE LE PARISIEN


S’il est un seul écrivain parisien qu’il faudrait citer pour signifier que ses contemporains ont été inspiré par la grande ville ce serait alors Prosper Mérimée tant il est issu de plusieurs générations nées et ayant toujours habitées dans la capitale. Mais parler de Prosper Mérimée sans évoquer la trop fameuse dictée qui a été longtemps le cauchemar des enfants serait un oubli impardonnable tant, sur le fond sans doute, elle a symbolisée la richesse, la complexité et la beauté de la langue française. Une volonté de l’enseignement républicain des années 50 et 60. Et il est certain que trois ou quatre générations ont été victimes de Mérimée, un maléfique écrivain qui s’est plu à torturer bon nombre de jeunes méninges encore fermées à la grammaire et à l’orthographe. Une dictée, précisons-le tout de même, qui s'est voulue être plus un divertissement qu’une véritable épreuve. Elle fut une sorte de rituel de la fin du primaire imposé aux gamins avant qu’ils ne quittassent la petite école pour entrer au lycée. Une dictée courte (elle fait une bonne dizaine de lignes) mais si compliquée que l’Empereur Napoléon III y fit 75 fautes et qu’Alexandre Dumas, qui était déjà à l’Académie française, en fit 24. Une dictée qui –rappelez-vous- dès sa première phrase nous faisait distinguer « les cuisseaux de veaux et les cuissots de chevreuils ». Bref, c’est à Prosper Mérimée, la terreur des gamins, qu’est donc consacrée cette courte chronique. Prosper Mérimée est un parisien pure souche issu de plusieurs générations de parisiens. Il est donc né à Paris en 1803 dans une maison située au cœur de la capitale ; exactement au n° 7 Carré de Sainte Geneviève. Il habite ensuite rue Royer Collard, puis rue Lhomond et fait ses études au lycée Henri IV et devient, en s’installant avec ses parents au 16 rue des Petits Augustins, le voisin de palier d’un jeune homme : un certain Hugo, Victor Hugo ! C’est l’époque où il apprend l’anglais, l’espagnol, le grec, la philosophie. Il passera, un peu plus tard, une licence de droit. Dès lors, Prosper Mérimée fréquente les salons littéraires dont le plus célèbre se situe au 1 rue Chabanais, à l’angle de la rue des petits champs. C’est ici, en ce lieu qui existe encore, qu’il fait la connaissance de Stendhal et de Sainte Beuve et qu’il conçoit, avec eux, le « romantisme réaliste ». Une « école littéraire » (sic) qui le conduira à écrire « Carmen ». Oui, « Carmen » ! Ce texte de Mérimée devenu éternel puisque –et chacun le sait - Bizet s'en est inspiré pour son opéra.

Et puis, en toute confidence, Prosper Mérimée aimait les femmes si passionnément, qu’il a passé des jours et des nuits entières et y a même parfois élu domicile dans quelques bouges parisiens en compagnie du peintre Delacroix et le poète Alfred de Musset.



Si vous êtes amateurs de promenades littéraires dans Paris, sachez que vous pouvez visiter toutes les demeures de Prosper Mérimée. Pour connaître toutes ses adresses je vous invite à vous rendre sur le site officiel du ministère de la culture :
www.merimee.culture.fr/fr/html/bio/domiciles/fs_domiciles.html


Eric Yung.



PROSPER MERIMEE


vendredi 3 décembre 2010

LE MAUVAIS PROCES DE MAQUET FAIT A DUMAS. (Les trois mousquetaires)

BEST SELLERS D’AUTREFOIS.
Chronique.



Sans conteste lorsque l’on dit Dumas père on pense aussitôt aux « Trois mousquetaires ». Bien sûr les adaptations cinématographiques et télévisuelles redonnent régulièrement du tonus à cette histoire de cape et d’épées dominée par l’intrigue politique. Mais rien, et faites moi l’honneur de me croire, ne vaut la lecture voir la relecture de ce roman, qui est –on le sait peu- la première partie d’une trilogie qui compte deux autres titres : « Vingt ans après » et « Le vicomte de Bragelonne ». Mais le saviez-vous ? Sans vouloir vous décevoir ou ôter un peu du réel talent d’Alexandre Dumas, celui-ci n’a sans doute pas écrit, entièrement en tous cas, les « Trois Mousquetaires ». Il est très probable, en effet, que ce soit un certain Auguste Maquet qui en est le réel auteur. Auguste Maquet était, très officiellement, le collaborateur de Dumas père. Ce dernier d’ailleurs, voulait l’associer à son œuvre mais Auguste Maquet –pour récupérer ses droits d’auteur- lui a fait un procès. Or, les juges ont considéré la plainte de Maquet comme celle déposée par un simple créancier. Dumas, sur ordre du tribunal a donc du rembourser 145 200 francs , une dette échelonnée sur onze ans mais, du même coup et par conséquence, Auguste Maquet n’a jamais pu avoir, sur les premières de couverture, son nom associé à celui de Dumas.
Mais pourquoi il faudrait lire ou relire « Les trois mousquetaires » ? Parce que c’est vivre la fougue amoureuse de d’Artagnan pour Constance, c’est partager la fraternité des hommes d’épée, c’est devenir l’ennemi de Richelieu, c’est se surprendre à combattre aux côtés d’Athos, Porthos et Aramis est de constater que l’on est aussi l’une des plus fines lames du royaume de France lorsque l’on doit, sur les chemins poussiéreux du 17° siècle, croiser le fer avec les hommes du cardinal. C’est, pareil à Athos, être subjugué par la séduisante et dangereuse Milady. C’est encore traverser la Manche, chevaucher jusqu’à Londres et rencontrer le Duc de Buckingham. Que d’aventures à vivre à travers les pages du roman !
Le roman « Les trois mousquetaires » a été initialement publié sous forme de feuilleton, de mars à juillet l844. Et c’était dans « Le Siècle » un journal fondé par Armand Dutacq et financé par l’avocat et député Odilon Barrot.
A l'heure où l'on dit beaucoup que les jeunes gens s'intéressent pas ou plus aux livres -mais est-ce vrai ? - les "Trois mousquetaires" peut être une première et belle expérience de lecture. C'est bientôt Noël. Alors pourquoi ne pas courrir chez votre libraire et demandez lui les « Trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas… c’est aujourd’hui publié dans le « Livre de poche ».

Eric YUNG


mercredi 27 octobre 2010

FESTIVAL PARIS NOIR. LE FESTIVAL EUROPEEN DU ROMAN ET DU FILM NOIR

Chers amis, visitez le site du festival. Vous y découvrirez un sacré programme.

PARIS NOIR, j'y serai avec (entre autres livres) mon dernier roman.

NE PAS VENIR AU FESTIVAL EST UN CRIME.

C'est à LA MAISON DES METALOS LES 13 & 14 NOVEMBRE 2010.

jeudi 14 octobre 2010

MON AMI LE BOURREAU ~~ Eric YUNG. Editions Biro

LE DERNIER ROMAN d'ERIC YUNG.
Aux éditions Biro dans la collection "Les sentiers du crime".

mardi 12 octobre 2010

SALON DU POLAR DE COGNAC ~~ 15, 16 et 17 OCTOBRE 2010.


15, 16 et 17 OCTOBRE PROCHAINS : Eric YUNG au Salon du polar de Cognac.
Présidence d'honneur : Robert HOSSEIN.
Projections, débats, rencontres, signatures et des dizaines d'auteurs (romans, BD, scénaristes etc...)

samedi 25 septembre 2010

J'Y SUIS.


VOUS ETES DANS LE COIN ? FAITES UNE PETITE VISITE. UN CHARMANT VILLAGE : LEMPZOURS, DES AUTEURS INVITES, DES RENCONTRES, DES DEBATS et DES SIGNATURES.
ET PUIS...
DES CEPES, DU FOIE GRAS, des BONS VINS, de l'AMITIE, des SOURIRES et des RIRES.

LEMPZOURS.... LES 1er et 2 OCTOBRE 2010

FESTIVAL DU POLAR A COGNAC

POLAR LE FESTIVAL DE COGNAC... LE PROGRAMME 2010


Le 15e Festival de Cognac se tiendra au Palais des Congrès «La Salamandre» du Vendredi 15 au Dimanche 17 octobre 2010 pour la partie «Compétition Cinéma & Télévision» et du Samedi 16 au Dimanche 17 octobre 2010 pour La Grande Librairie avec des séances de signatures et de dédicaces.
Au programme :
Un Hommage à «Frédéric DARD» à l’occasion des dix années de sa disparition, avec l'affiche en forme de clin d'œil, une conférence de Paul MERCIER, des projections de films tirés de ses romans, la présence de Robert HOSSEIN (L'Invité d'Honneur du Festival et l'Ami de 50 ans de Frédéric Dard), de Marc DEMOULIN et d'Alain SIAUVE (dessinateurs de couvertures de San-Antonio) ;


La Présence de Romanciers pour Rencontres et Dédicaces :

Michel BAGLIN, Xavier-Marie BONNOT, Bernard BOUDEAU, François BOULAY, Alain BRON, Jérôme BUCY, Tony COSSU, Gilles DEL PAPPAS, André FORTIN, Sébastien GENDRON, Karine GIEBEL, Éric GUILLON, François JOLY, Gérard LAPAGESSE, Éric et Richard LE BOLOC'H, Éric MANEVAL, Peter MAY, Paul MERCIER, Jean-Paul NOZIERE, Joseph OUAKNINE, Frédéric PLOQUIN, Jacques PRADEL, Christian RAUTH, Jacqueline REMY, Serge REYNAUD, Christian ROUX, SIRE CEDRIC, Romain SLOCOMBE, Gérard STREIFF, Élisa VIX, Éric YUNG… (Samedi 16 & Dimanche 17 octobre 2010 / Grande Librairie de La Salamandre)

mardi 31 août 2010

C'EST GRATUIT. Un magazine culturel intéressant. Pour s'abonner c'est facile :Votre abonnement gratuit pour la rentrée littéraire !


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lundi 2 août 2010

A AURILLAC et à BOISSET (Cantal)

Le 10 août 2010 :

A "LA PETITE LIBRAIRIE" à Aurillac.
Signatures Eric Yung pour les Nouvelles archives de l'Etrange.

Et le soir, dîner-rencontre à "L'AUBERGE DE CONCASTY" à Boisset, avec Eric Yung.


ST CHELY d'APCHER (Lozère) SIGNATURES. YUNG et autres auteurs.

LIBRAIRIE "LE ROUGE ET LE NOIR".
Une grande fête durant deux jours : les 5 et 6 août prochains. Signatures, débats, dégustations produits du terroir, rigolades, dîners publics etc...
Le libraire s'appelle Pascal AUREJAC. Il aime les livres, il sait conseiller ses clients, il est aimable. Bref, c'est un vrai libraire.


Livres échange : jeudi 5 et vendredi 6 août, de 10 h à 18 h, le Café littéraire se tiendra au restaurant d'application du lycée du Sacré-coeur, avec les écrivains Lionel Duroy Le chagrin, Christian Montaignac L'envol des culs blancs sous la lune, Jean-Marc Souvira Le vent t'emportera, Jacques Weber Des petits coins de paradis et Éric Yung "Les nouvelles archives de l'étrange", "La tentation de l'Ombre", "Un silence coupable".

jeudi 29 juillet 2010

LES TRIBULATIONS PARISIENNES DE Mr POQUELIN.

Molière -




• On dit qu’il est le plus grand et que son talent n’a jamais été égalé. Il nous a laissé une œuvre considérable qui, presque trois siècles et demi après sa disparition, est toujours jouée, applaudie et étudiée. Sa mort est une légende et il a donné son nom à la Comédie Française.




Il est intéressant de noter que le nom de Molière est souvent associé à Pézenas, jolie commune du département de l’Hérault. Pourtant, si l'on en croit les historiens il y a séjourné très peu, deux ou trois fois peut-être.  En revanche, Molière a passé la majeure partie de son existence à Paris et dans « sa campagne » (enfin, la campagne...au l7° siècle !) 
 Jean-Baptiste Poquelin dit Molière –il prendra ce pseudonyme en 1643 ou 44 pour tenter d’échapper à ses créanciers- est né à Paris, en 1622, au 96 rue Sauval, situé juste à l’angle de la rue Saint Honoré. Il est venu au monde dans « la maison des singes », une demeure appelé ainsi parce que sa façade était décorée d’un arbre habité par des primates. Un peu plus tard, après le décès de sa mère, Molière emménage avec une partie de sa famille dans le quartier de Saint Germain. C’est à cette époque qu’il découvre le théâtre. Son grand-père, en effet, l’entraîne presque chaque soir à l’Hôtel de Bourgogne, tout proche de la rue Mauconseil, pour voir jouer la troupe royale. A cette époque,  si Jean-Baptiste Poquelin ignore encore qu’il sera Molière il sait déjà qu’il sera comédien. Mais son père refuse son choix et envoie son filschez les jésuites pour y faire des études. Cinq ans plus tard il est de retour à Paris. Il s’installe au 13 rue de Seine et au 12 rue Mazarine pour créer sa première troupe du nom de « l’Illustre théâtre ». Après quelques démêlées avec la justice (Molière a connu la prison) il emménage, avec toute sa troupe, dans la salle du jeu de paume de la Croix Noire, à la hauteur du 32 quai des Célestin et loge rue des Jardins St Paul. Après une tournée provinciale Molière et ses comédiens, devenus populaires, jouent, chaque soir, dans la Cour Carrée du Louvre, au théâtre du Petit-Bourbon. Enfin, c’est Louis XIV qui lui octroie la salle du Palais Royal, c'est-à-dire ce qui deviendra la Comédie Française. Mais Molière est lassé de Paris. Il décide de s’installer à la campagne. Oui, à la campagne ! C'est-à-dire qu’il loue une maison située à l’angle de la rue Rémusat et de l’avenue Théophile Gautier. Deux rues bien "campagnardes" aujourd’hui annexées au 16° arrondissement ! Une demeure fréquentée par Racine, Boileau, La Fontaine, La Bruyère, Lulli etc ... et où sera créé Amphytrion. Puis, Molière quitte la campagne et reviens à Paris pour occuper une partie du second étage du 4O, rue de Richelieu. Ce serait dans cet appartement que Molière, après une représentation du « Malade imaginaire » est pris de convulsions et meurt. Mais avant de rendre son dernier souffle –c’était donc le 17 février 1763- et à la demande du prêtre qui lui donne l'extrême-onction, Molière refuse d’abjurer la profession de comédien, une activité considérée alors d’immorale par l’église catholique. Conséquence :  Molière est excommunié. Aujourd’hui, sa dépouille repose au cimetière du Père Lachaise.

Mr POQUELIN Y A POSE SON CUL.
C’était Molière, Paris et la campagne.

Eric YUNG

lundi 28 juin 2010

L'ACTION, LE DEVOIR ET LE PLAISIR : Roger VAILLAND.

ROGER VAILLAND/ CHRONIQUE YUNG –

La vie de cet homme peu commun a été fort agitée. Lauréat  du prix Interallié et du Goncourt Roger Vailland est, sans aucun doute, un grand écrivain un peu oublié.

     Il y a peu d’écrivains contemporains qui bénéficient d’autant de considérations : des associations d’admirateurs veillent à sa mémoire, des colloques internationaux et des conférences savantes maintiennent, dans le temps, son œuvre littéraire, des villes et des régions françaises le fêtent chaque année. Les honneurs et les hommages autour de Roger Vailland sont légions. Malgré cela combien de personnes peuvent répondre à la question : qui a écrit « Bon pied, bon œil », « Drôle de jeu », « Beau masque », « La loi », « La truite » etc. ? Peu sans doute. Or, parmi les titres énoncés il y a en deux qui ont été, tout de même, récompensés par les prix prestigieux que sont l’Interallié et le Goncourt. Le premier, Roger Vailland l’a obtenu en 1945 pour « Drôle de jeu » et le second lui a été donné pour « La loi ». C’était en l957. Soulignons que son œuvre entière est importante, par le nombre des publications bien sûr, mais aussi par l’impact intellectuel qu’elle a eu dans les classes populaires du milieu du 20° siècle. Alors, comment expliquer que les romans de Roger Vailland ont été remisés dans l’armoire de l’oubli ? Ne serait-ce pas parce que celui qui fut un communiste éphémère, un adepte des paradis artificiels et un libertin, ne serait plus adapté aux normes du conformisme moral, sanitaire et social de la société d’aujourd’hui ? C’est possible. A moins, se demande Christian Petr, président de l’association des amis de Roger Vaillant, qu’il ne « souffre des préjugés concernant la littérature militante » ? Mais alors, écrit encore Christian Petr, ce serait faire fi « des hasards de la vie et de l’histoire qui brouillent heureusement toutes les références (…) ».

Roger Vailland est d’abord un romancier, un vrai, un « être libre, c'est-à-dire souverain ne reconnaissant à personne le droit de me tyranniser » a-t-il écrit.

Il est un écrivain dont l’œuvre toute entière est toujours tiraillée entre l’action, le devoir et le plaisir. Ainsi, « Drôle de jeu », roman puisé aux sources de la contradiction humaine et taillé dans le vif de la vie quotidienne d’un résistant contre le nazisme. « La loi », roman qui a donc obtenu le Goncourt en 1957 et qui a été adapté au cinéma par Jules Dassin avec, pour acteurs, Yves Montant, Marcello Mastroianni et Gina Lollobrigida, raconte certes, une histoire différente, mais révèle, là encore, des existences confrontées à d’indicibles et inévitables rapports de force. Si vous n’avez jamais lu Roger Vailland, n’hésitez pas : découvrez-le avec ces deux ouvrages. Préférez-vous vous encanailler avec quelques récits vécus du sybarite Roger Vailland ? Alors, lisez ses « Ecrits intimes », vous ne serez pas déçu. Enfin, sachez que Roger Vailland est né en 1907 et qu’il a disparu à l’âge de 57 ans. Il repose à Meillonnas, non loin de Bourg-en-Bresse, dans le département de l’Ain.
Eric Yung.





samedi 12 juin 2010

ALLAN KARDEC -


ALLAN KARDEC

Un lieu, un écrivain et un best-seller d’autrefois.
Chronique Yung.


Intéressons-nous à un auteur français, à un homme dont la réputation sulfureuse a franchi nos frontières pour devenir une légende internationale et dont l’œuvre est toujours vendue à des millions d’exemplaires. Il est vrai que son sujet d’études alimente la fantasmagorie liée au besoin humain d’éternité et qu’il donne matière à une réflexion inépuisable. Cet homme, s’appelle : Hippolyte-Léon-Denizard Rivail. Ce nom vous est étranger, pensez-vous ? Ne le croyez pas ! Vous connaissez bien Hippolyte Léon Denisard Rivail.  La dévotion de ses fans ou plutôt de ses « adeptes » (à moins que ce ne soient des disciples) est si grande, que sa tombe serait  la plus visitée et la plus fleurie du cimetière du Père Lachaise ; par ailleurs on remarque que son front est lustré par un siècle et demi de caresses féminines. Enfin, le dit-on.  En réalité, Hippolyte Léon Denisard Rivail est connu sous le pseudonyme de Allan Karkec, le père du spiritisme français. Il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages consacrés, pêle-mêle, au « Cours pratique et théorique d’arithmétique », au « Plan proposé pour l’amélioration de l’éducation publique » (un livre soutenu par Ampère et qui a reçu le prix de l’académie royale en 1828) , au « Catéchisme grammatical de la langue française » sans omettre, bien évidemment, ses autres ouvrages : « Le livre des Esprits », « Le livre des Médiums » et « L’Evangile selon le spiritisme » ; trois volumes qui ont fait sa célébrité mondiale. Alan Kardec est, aujourd’hui encore, l’un des auteurs français le plus lu au Brésil, par exemple, avec 30 millions de livres vendus. Si ses théories sur le spiritisme peuvent être sujettes à bien des débats et qu’elles peuvent être, ou pas, considérées comme du charlatanisme, il faut bien reconnaître que les théories de Kardec ont séduit bien des intellectuels : Théophile Gauthier, Conan Doyle, Victor Hugo, Camille Flammarion, Victorien Sardou et bien d’autres encore. En réalité, la pensée d’Alan Kardec semble avoir été, par la crédulité populaire et par l’ignorance (au sens philosophique du mot) détournée de son esprit. Kardec, lorsqu’il s’interroge sur les « grands principes de la vie humaine » et qu’il s’inspire des réflexions de St Augustin, de St Jean l’Evangéliste ou de Fénelon, il est, sans aucun doute, beaucoup plus proche du « Connais-toi toi-même » de Socrate que des prophéties de Nostradamus.

Enfin, si cela vous intéresse et que vous ayez envie de mieux connaître Allan Kardec, considéré par beaucoup comme l’un des premiers auteurs sociologiques français, il vous faut visiter son domicile : le 8, rue des Martyrs à Paris. Un autre lieu ? Celui où, dit-on, il aurait eu sa première révélation. C’était dans un petit appartement, situé au fond de la cour, au deuxième étage de l’immeuble du l8 rue de la Grange Batelière. C’est dans le 9° arrondissement. Quant à ses livres vous pouvez encore les trouvez en dans les collections de poche. Découvrir Allan Kardec s’est toujours, et en tous cas pour beaucoup d’entre nous, un voyage initiatique où il faut prendre garde de ne pas s’y perdre.

Eric Yung.

mercredi 9 juin 2010

Sur les pas d'un "mégalo" : François-René de CHATEAUBRIAND.

Un lieu, un écrivain. Chronique
CHATEAUBRIAND

Il a vécu la seconde moitié du l8° siècle et la première du 19°. Né à St Malo le 4 septembre 1768, il est mort à Paris le 4 juillet 1848. C’était un homme politique mais son nom est surtout connu pour son œuvre littéraire et tout particulièrement pour « Les mémoires d’outre tombe ».





Je vous invite à marcher dans les pas du vicomte François-René de Chateaubriand.
Partons ensemble dans ces rues de Paris qu’il a arpenté de long en large, entrons dans les immeubles où cet écrivain, à l’ego surdimensionné, a volontairement laissé des traces qui font, aujourd’hui, le bonheur des randonneurs littéraires. Les plaques de marbre qui portent son nom sont légions dans les rues de la Capitale. Grâce à elles on peut suivre Chateaubriand à la trace : il a fréquenté Madame de Staël au 64, rue de Lille, il a habité au 5, rue de Beaune, au 13 rue des Saints-Pères, au 25 rue de l’Université, il a acheté un pied à terre au 63 rue des Saints Pères, il a batifolé avec Hortense Allart dans une chambre située à quelques pas de chez lui, exactement au n° 32 de la même rue et a séduit la comtesse de Castellane au 67, rue de Grenelle. On trouve aussi un témoignage de son passage au 3 bis rue des Beaux Arts, un souvenir de son amitié avec Lacordaire. Et puis, ne l’oublions pas, lorsqu’il a été en disgrâce il s’est « réfugié » -et c’était en 1807- dans la maison dites de « La vallée aux loups » à Chatenay-Malabry. Il est resté neuf ans. Cette demeure, aujourd’hui propriété du département des Hauts-de-Seine est ouverte au public. Enfin, Chateaubriand a terminé sa vie au 120, rue du Bac. On dit que c’est là qu’il aurait achevé les « Mémoires d’outre- tombe » commencées en 1803 sous le titre des « Mémoires de ma vie ». Une œuvre pensée et construite pour sa renommée posthume. En effet, si l’existence de Chateaubriand a été nourrie de dépaysements, de révolutions, de guerres, de rencontres avec des personnages historiques, d’amours romantiques et de quelques visions prophétiques, il a su, avec beaucoup de style, construire sa propre légende. Il a rendu fameuse sa rencontre avec Washington et en a usé pour ses propres intérêts politiques et il la rapporte, en détails, dans les « Mémoires d’outre-tombe ». Or, l’on sait aujourd’hui qu’elle n’a jamais eu lieu. Ce n’est pas faire injure à Chateaubriand que de dire qu’il a été une sorte de farfadet de la littérature. D’ailleurs, son espièglerie a fait écrire à Stendal « Juste ciel, que tout cela est faux, mais que c’est bien écrit ». Talleyrand lui, pour dénoncer la tendance mégalomaniaque du vicomte s’est exclamé devant la Cour : « Monsieur de Chateaubriand croit qu'il devient sourd car il n'entend plus parler de lui ». C’est dire, n’est-ce pas ?
Le vicomte François-René de Chateaubriand s’est éteint à Paris mais il repose, et vous le savez, à Saint Malo. Sa tombe, comme il l’avait demandé de son vivant, fait face à la mer.

Eric Yung.

dimanche 6 juin 2010

LIRE OU RELIRE "Les Croix de bois" de R. Dorgelés.

R. DORGELES – SUCCES D’AUTREFOIS.


C’était le 17 mars dernier. Au nom de la mémoire de tous les « poilus » et à l’occasion du décès de Lazare Ponticelli, le dernier d’entre eux, mort à 110 ans, un hommage national leur a été rendu le l7 mars dernier. Mais déjà, en 1919, pour que personne n’oublie, Roland Dorgelès avait immortalisé le sacrifice de ces hommes qui ont connu l’enfer. « Les Croix de bois » est et reste l’un des plus grands livres du 20 siècle.

Ce roman, publié dès 1919 et qui connu un grand succès, est inspiré au plus près de la réalité, c'est-à-dire de la boue, du sang et de la mort, de la peur, de la fraternité aussi. Ce livre est un monument de la littérature universelle. Il faut dire que Roland Dorgelès a partagé le drame des poilus. Il est devenu l’un des millions de héros dont la plupart ont donné leur vie parce qu’ils ont cru que ce serait la « der des der ». La guerre 14-18 ? Ce conflit a fait 10 millions de morts et 6 millions de blessés soit, pour le seul camp français, une moyenne de 900 personnes tuées chaque jour. Il faut avoir vécu ce martyr au quotidien, heure par heure et minutes par minute et ce, durant des années, pour pouvoir l’appréhender. Roland Dorgelès, dans « Les croix de bois » a su témoigné de la mystérieuse contradiction humaine selon laquelle les soldats ont été sanguinaires et fraternels, barbares et miséricordieux, nihilistes et plein d’espoir. Relisez, ou vous, jeunes gens lisez les Croix de bois. Pour vous en convaincre il suffit, peut-être, d’en citer de courts extraits :

(…) Il se releva et nous dit, la voix sèche :

- On creuse la-dessous.

Tous se retournèrent, (…)

-Tu es sûr ?

Il fit oui de la tête. (…) Maroux, Bréval, Sulphart se couchèrent dans la galerie, l'oreille à terre. Nous autres les regardions, muets, le cœur dans l'étau. Nous avions tout compris : une mine. Anxieusement, nous écoutions, rageant contre les obus qui ébranlaient la butte de leur coup de bélier. Bréval se releva le premier

- On ne peut pas se tromper, fit-il à mi-voix, ils creusent.

- Il n'y en a qu'un qui travaille, on entend bien, précisa Maroux. Ils ne sont pas loin.

Nous étions tous serrés, immobiles, regardant le sol dur. (…)

Chacun se couchait à son tour pour entendre, et se relevait rembruni. Dans la tranchée, la nouvelle avait déjà couru, et, entre deux obus, les guetteurs écoutaient la pioche effarante qui creusait, creusait...

[...] Au matin, ce fut un présage, une détresse intérieure qui nous réveilla. Ce n'était plus le bruit : un silence tragique, au contraire. L'escouade était muette, atterrée, penchée sur Bréval qui écoutait couché de tout son long. Redressés sur notre litière, nous les regardions.

- Qu'est-ce qu'il y a ? chuchota Demachy.

- Ils ne cognent plus !... Ils doivent bourrer la mine.

Mon cœur s'arrêta net, comme si quelqu'un l'avait pris dans sa main. Je ressentis comme un frisson. C'était vrai, on n'entendait plus creuser. C'était fini.

Bréval se releva, un sourire machinal aux lèvres :

- Il n'y a pas à se tromper. Ils ne cognent plus.

Nous regardions la terre, muets, comme elle. Fouillard, blême, fit le geste de sortir. Sans un mot, Hamel le retint par le bras. Maroux s'était assis, les mains croisées entre les genoux, et tambourinait la planche de sa litière, avec ses gros talons.

- Tais-toi ! lui dit durement Vieublé. Écoute...

Nous tendîmes tous le cou, anxieux, ayant peur de nous tromper. Non ! la pioche avait bien repris. Elle cognait. Oh ! ce qu'on put l'aimer, un instant, cette horrible pioche ! Elle creusait. C'était la grâce. On ne bourrait pas encore la mine, on ne mourrait pas encore... »



« Les croix de bois » de Roland Dorgelès en « livre de poche » et chez Albin Michel.

Eric Yung.

jeudi 27 mai 2010

LE CHATEAU DE MONTE CRISTO - La propriété d'Alexandre Dumas. Marly.

 ALEXANDRE DUMAS

UN LIEU ET UN ECRIVAIN

     Sur l’une des collines qui domine les côteaux de Port Marly se dresse le château de Monte Cristo. Un rêve d’écrivain devenu une réalité, en 1844, par la magie des traits du crayon d’Hippolyte Durand, l’un des grands architectes de l’époque. Le château de Monte Cristo est une demeure exceptionnelle et un peu folle construite dans un lieu magnifique à la demande d’Alexandre Dumas et inaugurée en 1847. Il s’agit –selon les termes mêmes des membres de l’association des amis de Dumas, d’un « château renaissance édifié face à un castel gothique entouré d’eau ».  Pour en parfaire sa description le château de Monte Cristo est aussi une fantaisie quelque peu égocentrique. En effet, si des tableaux, placés au-dessus de chaque fenêtre du rez-de-chaussée, honorent des écrivains dramatiques de toutes les époques, Alexandre Dumas a exigé, que son portrait soit accroché au-dessus de l’entrée principale, juste au dessus de sa propre devise : « J’aime qui m’aime ! » 
     Il y a aussi le parc aménagé à l’anglaise, agrémenté de grottes, de rocailles et de cascades. Et c’est ici qu’une petite partie de l’oeuvre d’Alexandre Dumas a été imaginé et rédigé. Pour être plus précis, il  faut dire qu’Alexandre Dumas se réfugiait –pour écrire- dans une petite maison indépendante de la propriété principale, dans un bâtiment original construit lui aussi à sa demande. Il est flanqué d’une tour hexagonale au toit d’ardoises bleues et aux murs de briques rouges percées par des fenêtres de pierres blanches. C’est une bâtisse posée sur une île, à gauche du jardin et que le grand homme a nommé, en son honneur, « Château d’If ». Pour apprécier toute la grandeur paisible du lieu il faudra vous promener dans le parc aux essences de sapins, de charmes, de chênes et de mélèzes et parmi les rocailles mouillées par les chutes d’eau. Et, pour rejoindre encore un peu plus l’intimité de Dumas, il vous faudra imaginer la vie de l’époque. Au château de Monte Cristo, à deux pas de Paris, l’animation y était grande et permanente. Pourquoi ? Parce que Alexandre Dumas aimait les animaux et le parc était habité de dizaines de chiens, de chats, d’oiseaux d’espèces rares, de perroquets et même d’un singe. Et puis, Dumas, dont la générosité reste légendaire, laissait libre l’entrée de sa propriété aux gens de petites conditions sociales ; des personnes qui vivaient, bien souvent, à ses dépends. Le Château de Monte Cristo, la propriété d’Alexandre Dumas se visite. En vous y rendant, vous participerez à sa sauvegarde et à son entretien puisqu’il y a peu d’années, cette demeure a failli disparaître sous les pelleteuses mécaniques d’un promoteur immobilier en quête de fortune. « Le château de Monte Cristo » c’est à Port Marly, dans les Yvelines.
Eric Yung.

dimanche 23 mai 2010

VIDOCQ ET LA LITTERATURE. ~~

François Vidocq et la littérature.
Eugène-François Vidocq ! Qui ne connait pas ce nom ? Qui ne l’associe pas à un voleur et un aventurier ; au bagnard devenu, sous le règne de Napoléon, le chef de la sûreté parisienne, un policier roublard aux méthodes contestables mais si efficaces qu’elles en ont fait « le flic le plus célèbre de France » durant près de seize ans, c'est-à-dire de l811¬ à 1827. N’omettons pas de souligner que ce flic hors normes a repris du service durant six mois, en 1832, à la demande de Casimir Périer, juste le temps de sauver le trône de Louis-Philippe. Alors, faut-il prétendre que Vidocq a aussi était un écrivain ? A certains d’oser le faire, à d’autres de limiter la qualité d’auteur à la signature de ses mémoires (Mémoires de Vidocq publiées en 1828…) bien qu’il aurait aussi rédigé (c’était en 1836) « Les voleurs » suivi d’un dictionnaire d’argot, « Les vrais mystères de Paris » en 1844, œuvre écrite en réaction aux « Mystères de Paris » d’Eugène Sue et suivie par « Les chauffeurs du Nord ». Enfin, « Quelques mots », ouvrage critique sur le bagne et la prison ponctuera, en 1845, la bibliographie communément attribuée à Vidocq.

Une chose est certaine : plus qu’un auteur, Eugène François Vidocq, né à Arras en 1775 par « une nuit d’orage à deux heures du matin » nous rapporte ses biographes, a été –et reste encore quelquefois- une source d’inspiration chez les écrivains. Il est à la fois un peu Jean Valjean et le père Madeleine dans « Les Misérables » de Victor Hugo, il est Vautrin dans « La comédie humaine » de Balzac, Rodolphe de Sombreuil dans, bien sûr, « Les mystères de Paris » d’Eugène Sue, Auguste Dupin dans « Le double assassinat de la rue Morgue » d’Edgar Poe et quelques historiens disent même qu’il aurait, aussi, inspiré Conan Doyle pour l’art des déguisements de son héros Sherlock Holmes et serait le « Jackal » des « Mohicans de Paris » d’Alexandre Dumas. Bref, on le remarque : François Vidocq est, de toute façon, un personnage de la littérature française. C’est à ce titre qu’il s’inscrit dans une possible promenade littéraire dans Paris et ses environs. Ainsi, rendez-vous à la Galerie Vivienne pour repérer, à l’ancien n° 13, ses anciens bureaux, au 6 de la rue Saint Anne, ex- siège de la police de Sûreté, au 46 rue de Lagny à Saint Mandé (il y avait sa maison de campagne) , au 12 Place Dauphine une bâtisse aujourd’hui occupée par l’ordre des avocats et siège social du bâtonnier de Paris, au 8, rue Saint Denis, l’adresse qui maintenant abrite le tabac du Châtelet etc. etc…

Quant à sa dernière demeure ? Vidocq n’aurait pas été tout à fait Vidocq s’il n’avait pas, même après sa mort (c’était le 11 mai 1857) fait de sa tombe un mystère. En effet, si très longtemps, il a été acquis qu’il était enterré, avec sa dernière épouse dans le cimetière de St Mandé, les historiens démentent depuis peu mais formellement cette information. On sait seulement qu’une cérémonie religieuse a eu lieu en l’église Saint Denys du Saint Sacrement dans le 3° arrondissement de Paris. Mais ou est sa sépulture ? Personne ne peut le dire. Mystère ! Un mystère d’autant plus grand que si l’on peut affirmer que la tombe de Vidocq a bien existé elle aurait –mais quand ?- purement et simplement disparue.

Eric YUNG.

mardi 11 mai 2010

« SUCCES D’AUTREFOIS »

HENRY DE MONFREID

Certains écrivains ont marqué leur temps par l’œuvre qu’ils ont, dans le silence et la solitude, patiemment construite durant des années. D’autres, souvent aventurier et parfois hors la loi, ont connu le succès parce qu’ils ont su faire de leur vie une création littéraire. C’est le cas pour Henry de Monfreid. Né en 1879, cet homme d’énergie dont la soif de découvertes l’a conduit aux quatre coins du monde, serait –c’est certain et s’il vivait aujourd’hui- boudé par les intellectuels français. Henry de Monfreid n’appartenait pas à la tribu des pisse- froid de la société bien pensante. Pensez- donc, c’était un flibustier ! Et même si Joseph Kessel, Paul Vaillant Couturier, le théologien Teilhard de Chardin ou encore le peintre Gauguin l’on soutenu dans les épreuves et permis à quelques uns de ses romans de connaître un grand succès populaire, il n’a jamais obtenu ce qui lui était due : la reconnaissance d’être un "vrai"écrivain. Remarquons tout de même qu' Henry de Monfreid s’est toujours tenu loin des salons littéraires et que son inspiration n’a jamais été puisée aux sources de l’ego et des mondanités parisiennes. Tous ses livres (et il en a signé un peu plus de 70) sont inspirés de ses aventures à bord de « L’Altaïr » le bateau qu’il a construit de ses mains. Lui, a vécu en mer de différents trafics : perles, armes, haschich et renseignements militaires. Il a connu la prison. Il a, aussi, servi de guide à Joseph Kessel sur la route des esclaves à l’occasion d’un reportage pour le journal « LE MATIN ». Et puis, la guerre italo-éthiopienne l’a fâché avec le Négus, il s’est tellement moqué des britanniques qu’ils l’ont capturé pour le livrer à la France et la France… l’a déporté au Kenya.

Henry de Monfried est un personnage extraordinaire et son talent d’auteur de livres d’aventures est immense. Deux qualités essentielles pour un homme de lettres qui devrait, en principe, nous inciter à le lire. Pour certains d’entre nous se sera une redécouverte mais pour d’autres (heureux lecteurs !) se sera une révélation. Prenez le temps du plaisir de lire, par exemple, « LES SECRETS DE LA MER ROUGE » ou « MON AVENTURE DANS L’ÎLES DES FORBANS » ou encore « LE FEU DE SAINT ELME ». Ce seront, c’est certain, des lectures qui vous feront quitter le port de la médiocrité et avec elles, vous partirez voguer loin, réussirez à distancer les pirates qui vous attaque, connaîtrez des histoires d’amour fortes mais éphémères, négocierez avec des commerçants d’Afrique de l’Est et rencontrez des êtres qui ont su préserver le sens aigu de la vie.
Osons lire ou relire Henry de Monfreid. Il est toujours édité chez Grasset-Fasquelle.
Eric Yung.

vendredi 7 mai 2010

INVITATIONS & EVENEMENTS ~~ Eric YUNG

- Le 22 mai 2010 , de 10 h à 13 heures, signatures à la librairie "Papier Vole", 1 rue Championnerie - 41110 - ST AIGNAN-sur- CHER.

- Je participe au "Châpiteau du Livre" à St Cyr-sur-Loire (en fait c'est Tours) le samedi 29 mai.

- 5 et 6 juin, Salon du livre à Metz.

- Les l8 et 19 juin "Festival Simenon" aux Sables-d'Olonne et je participerai (en plus) à une table ronde des "Entretiens du Palais" qui se déroulent dans le cadre de cette manifestion qui fête son 12° anniversaire cette année. Thème du débat : "Show biz, Milieu Sport et Argent sale ».

- Le 26 juin prochain :  Matthieu Vincent, propriétaire des Ecuries de Frémontiers (c'est près d'Amiens) organise pour la sortie des "Nouvelles archives de l'Etrange" une signature sur invitations. Un petit livret sera édité à l'occasion de cette manifestation et, dans la même journée, il  il y aura une démonstration équestre et deux expositions (l'une de sculptures, l'autre de peinture. A confirmer) ; un tout suivi d'un apéritif dinatoire. La fête quoi !

vendredi 16 avril 2010

FREDERIC FAJARDIE

IL Y A UN DEJA DEUX PIGES !

Frédéric Fajardie est mort le 1er mai 2008, il avait soixante ans. 
La totalité de son oeuvre littéraire est en cours de réédition.



 Frédéric H. Fajardie était un sacré personnage. Homme de gauche un tantinet libertaire il défendait des valeurs aristocratiques. Il croyait en l’amitié, à la fidélité et à l’honneur. Il aimait fraterniser avec ceux qui ne partageaient pas ses idéaux. La fraternité ? Il la plaçait bien au-dessus des oppositions idéologiques et philosophiques. C’était un grand cœur. C’était un humaniste. Frédéric Fajardie était proche de Prévert et d’Audiard ; il partageait avec eux l’effronterie et l’insolence. Il venait d’avoir soixante ans mais n’avait rien perdu de ses indignations lorsqu’il s’agissait de dénoncer l’injustice.
Il aimait les livres depuis sa plus petite enfance. C’est son père, un libraire, qui lui a appris que les romans détenaient en eux-mêmes les vraies richesses, donc les plus belles. D’ailleurs, il a toujours eu la sagesse de dépasser les clivages qui auraient pu l’éloigner d’un bon livre. « Peu importe qu’un écrivain soit réactionnaire ou conservateur, dès lors qu’il me donne du plaisir, c’est fondamental » a-t-il écrit. Quant à son œuvre, elle est considérable ! Elle compte une bonne vingtaine de romans noirs (tous réédités aujourd’hui). De nombreux critiques ont dit qu’il était, avec d’autres auteurs, l’un des créateurs du « néo-polar ». Encore faudrait-il que l’on définisse, avec précisions et savoirs, ce que serait le « néo-polar ». En revanche, il est vrai que ses premiers titres tels que « Tueur de flics » (un livre adapté, très librement, d' "Orestie", l'un des mythes de la Grèce antique) ou « La nuit des chats bottés » ont, en leur temps, bousculé les règles du genre. Mais l’œuvre de Fajardie c’est aussi la dizaine de romans dits classiques, les trois ou quatre romans historiques, les cinq romans pour la jeunesse et les centaines de nouvelles (on en compte près de 400 réunies dans deux gros volumes publiés par les éditions Fayart). Pour être complet, n’oublions pas de citer la centaine de pièces de théâtres ; pièces, pour la plupart d’entre elles, adaptées par les ateliers de création de Radio France, les quelques anthologies, une bande dessinée et les scénarios pour le cinéma. Souvenez-vous :
« Parole de flic » avec Alain Delon, c’est du Fajardie, « Ne réveillez pas un flic qui dort » film tiré de son roman « Clause de style » avec Delon et Michel Serrault, c’est encore du Fajardie. En tout il a signé cinq longs métrages. Quant aux séries télévisées elles sont trop nombreuses pour être citées ici. Notez seulement que David Lansky, le policier incarné au petit écran par Johnny Hallyday était une trouvaille de Fajardie. Mais Frédéric Fajardie n’est pas seulement un auteur de polars, il est aussi un écrivain romantique. Il nous l’a démontré avec, par exemple, « Un homme en harmonie ». Un roman dans lequel il décrit avec une sensibilité qui n’a d’égal que celle qui imprègne le « Clair de lune » une soirée hivernale passée dans un port Normand. Ainsi, durant quelques phrases, la magie du verbe a eu le pouvoir de confondre Fajardie à Maupassant. Plus tard, au cours des années 90 il s’est laissé emporter par la nostalgie ; celle de son adolescence. Il me l’a confié. C’est à cette époque qu’il s’est lancé dans l’écriture de : « Les foulards rouges » le « Voleur de vent », et « Le conseil des troubles », des livres de capes et d’épées.
Pour Fajardie l’écriture était certes, une aventure moderne, mais elle est restée chez lui un acte militant en faveur des plus pauvres. C’est sans doute pour cela qu’il animait, bénévolement, des ateliers d’écritures dans des lycées de banlieue réputés difficiles, une façon –selon lui- de faire aimer la littérature « à des mômes » et donc d’apprendre à des élèves démunis d’éducation la critique et la résistance.
Monsieur Fajardie vous avez été un bel auteur. Avec le temps le public dira que vous êtes un grand écrivain.

Eric Yung.


«Nous devrions tous estimer le montant maximum que nous pourrions réunir pour nos cautions, cela nous donnerait une idée de notre importance.»

Frédéric H. Fajardie - Libération - 13 janvier 2001

jeudi 15 avril 2010

FRANCOIS MAURIAC ET LA MAISON DE VEMARS.

UN LIEU UN ECRIVAIN : François Mauriac à Vémars (Val d’Oise).




L’été frappe à notre porte, profitons-en pour faire une ballade littéraire. Partons à la rencontre d’un écrivain dont le grand talent semble avoir été parfois raillé par quelques intellectuels  parce qu'il a incarné (avec quelques complexes d’ailleurs) la bourgeoisie française de son époque. Ah, les « aprioris » et le conformisme ! Mais c’est un autre débat que l’on abordera, un jour prochain, sur ce blog.

Dans l’immédiat, promenons-nous et poussons nos pas derrière ceux de François Mauriac et pour une fois, loin de Malagar. En effet, si la vie et l’œuvre de notre prix Nobel de littérature sont quasi-associés à son domaine de Gironde, la propriété familiale dressée non loin de Saint Macaire, il y a aussi son habitation située dans le Val d’Oise : le château de la Motte appelé aussi « la maison de Vémars ». Un lieu imprégné du travail de l’écrivain mais qu’on a pourtant un peu négligé au point, qu’au fil du temps il a été (enfin, cela est un sentiment) presque oublié au seul profit de Malagar. Or, l’âme de la maison de Vémars est fort présente dans certains ouvrages de Mauriac. Il y a quelques années, elle est devenue la mairie du village, mais son deuxième étage a été aménagé en musée. Proche de Montmorency et de Gonesse, cette demeure (qui a appartenue à sa femme) s’est incrustée peu à peu, au gré des événements historiques et de son parcours littéraire, dans l’existence toute entière du romancier et a fini par s’y confondre. Ainsi, l’auteur de « Thérèse Desqueyroux y a séjourné régulièrement dès 1913. Plus tard, c'est-à-dire dès 1940, la demeure est devenue la base clandestine d’un groupe de la résistance chargé de la propagande contre le III° Reich. Un engagement qui a conduit les allemands à surveiller de près la maison de Vémars et son occupant. C’est à Vémars que François Mauriac a rédigé et publié, sous le pseudonyme de Forez, son « Cahier noir », un essai sans concession contre la France collaboratrice dans lequel on peut lire : « À l’heure où j’écris (novembre 1941), tant d’autres Français sont mus par une passion élémentaire : la peur ! Ils ne l’avouent pas (…) mais dans le secret tout pour eux se ramène à l’unique nécessaire : sauver leurs privilèges...»
C’est encore dans la maison de Vémars qu’il a connu un événement inoubliable. C’était le 25 août 1944. C’était la libération de Paris. Ce jour-là, l’éditorial qu’il vient d’écrire dans le Figaro est lu à la radio. Mauriac, surpris, s’immobilise dans le salon et reste debout devant le poste de TSF. Il écoute. Un souvenir évoqué dans l’un de ses livres :

- « (…) Une voix pleine de larmes lisait cette page à la radio dans le bruit des cloches de Paris. Et tandis que j’écoutais, que je m’écoutais moi-même, les allemands en déroute (…) envahissaient le jardin, pénétraient dans ma maison ». Plus tard, on a su que Mauriac, après avoir entendu, jusqu'au dernier mot, la lecture de son éditorial  a eu juste le temps de fuir pour ne pas être arrêté et fusillé.

La paix retrouvée François Mauriac a ensuite partagé son temps entre le domaine de Malagar, son domicile parisien situé rue Théophile Gauthier et la maison de Vémars. En 1951, il a écrit dans ses mémoires : « je ne peux plus supporter l’été, l’abominable climat girondin. Le jardin de Vémars est une merveille de fraîcheur, de paix et de solitude ». Dès lors, le grand écrivain s’installe définitivement à Vémars. Mort en 1970, il y est enterré.
Avant de disparaître, François Mauriac, pareille à une négligence qui servirait sa postérité, avait laissé dans sa maison de Vémars  son chapeau de paille, sa machine à écrire Remington et quelques milliers de livres.  Dans le jardin les arbres qu'il a planté sont devenus grands. 

Pour visiter gratuitement la demeure de François Mauriac à Vémars, il vous suffit de prendre contact avec la maison départementale du tourisme : c’est au 01 34 71 90 00. Un numéro de téléphone et des références que vous pouvez retrouver sur le site de la commune de Vémars : www.mairie-vemars.fr
E.Y

mercredi 14 avril 2010

UN ECRIVAIN FRANCAIS TOUJOURS EN TETE DES VENTES DE LIVRES DANS LE MONDE.

"Le roi des best-sellers n'est pas américain"

Voici une devinette. Quel est l'écrivain français qui a vendu -et qui en vend encore- des dizaines de millions de livres ? Quelques indices : il est né  à Lyon en 1900, tout le monde le connaît, il a été fiancé à Louise de Vilmorin, il a été aviateur et il a disparu en mer en 1944. Alors qui est-il cet écrivain français qui rivalise, en termes de succès et du nombre de livres vendus avec J. K Rowlling, l’auteur d’Harry Potter ? Avez-vous trouvé ? Oui, sans doute. Mais pour ceux qui n'auraient pas encore son nom, voici de nouvelles précisions : il est l'auteur de cinq romans dont trois d’entre eux ont eu un grand succès, en particulier aux Etats-Unis. Mais c’est un livre, un seul, qui a hissé cet écrivain français tout en haut de l’affiche des célébrités universelles et qui l'a fait connaître à jamais non pas seulement sur notre bonne vieille terre mais aussi à travers le cosmos ce qui, reconnaissons-le, le porte bien plus loin dans la notoriété que madame J.K Rowling, l’heureuse auteur de Harry Potter. Je vous expliquerai cette histoire de cosmos dans quelques lignes ! Bref,  il s’agit Antoine de Saint Exupéry et de son Petit Prince paru pour la première fois à New York en 1943.
Or, si les titres de la série Harry Potter se sont vendus entre 58 et 110 millions d’exemplaires, le « Petit Prince » de Saint Exupéry est à plus de 8O millions d’exemplaires.  Pour votre information Harry Potter et le Petit Prince sont les deux livres qui arrivent, actuellement, en tête des ventes dans le monde entier. Avant eux il y a un autre best-seller et c’est la Bible : elle est vendue à 6 billions (oui je dis bien 6 billions) c'est-à-dire, à un million de millions soit mille milliards d’exemplaires ; enfin à quelque chose comme ça.  Il est vrai qu’en terme d’édition la Bible à l’antériorité… Il n’empêche que Harry Potter et notre best-seller planétaire français « Le petit Prince » représentent, tous les deux, une belle réussite commerciale. Mais Antoine de Saint Exupéry a un avantage : son "Petit Prince"  est pour l’instant encore le livre le plus traduit au monde. On compte actuellement des centaines de traductions dans des langues différentes dont le Tagalog (c’est philippin) le Papiamento à Curaçao, le faerosk aux îles Féroé, le scipétaire en ex-Yougoslavie , le quichua en Equateur sans oublier les nombreuses langues ou dialectes indiens que sont le telugu, le marathi, le pendjabi, le tamoul et le malayalam. Et, très récemment, le Petit Prince a aussi été traduit en Ourdou la langue officielle pakistanaise qui représente tout de même plus de 125 millions de lecteurs potentiels nouveaux. Enfin, pour terminer il me faut vous préciser (j’y ai fait allusion en tout début de chronique) qu’en hommage à Saint Exupéry,  l’astéroïde identifiée sous le nombre 46610 a été baptisé par les astrophysiciens « Bésixdouze » en référence à la planète B612 dont est originaire le Petit Prince. Le Petit Prince est donc un livre à la notoriété cosmique. Et, je le dis bien sûr sans chauvinisme aucun, mais ce n’est sans doute pas demain qu' Harry Potter deviendra le nom d’une étoile.

Eric Yung.






UN LIEU, UN ECRIVAIN : La maison de Balzac. 47 rue Raynouard 75016

Il est, à quelques pas de la maison de Radio France une demeure originale. Originale ? En effet, son architecture a peu à voir avec ce que l’on appelle aujourd’hui le « fonctionnel » ou pire « la faisabilité de l’habitat». Cette maison, située au 47 de la rue Raynouard, dans le 16° arrondissement, est toute biscornue et les pièces qui la composent portent encore en elle le désordre que chérissait son propriétaire : Honoré de Balzac. Et pour vous dire l’originalité de cette construction (que vous pouvez visiter aujourd’hui) Théophile Gauthier, l’ami fidèle d’Honoré de Balzac l’a décrite ainsi : « (…) Située sur une pente abrupte, la maison offrait une disposition architecturale assez singulière. On y entrait un peu comme le vin entre dans les bouteilles. Il fallait descendre trois étages pour arriver au premier. La porte d’entrée, du côté de la rue, s’ouvrait presque dans le toit, comme une mansarde ». Une bâtisse si insolite que le poète, Gérard de Nerval, se désolait que cette maison « possède trois étages d’escalier » qu’il « fallait descendre ». Et de préciser, quand j’allais voir Balzac il n’y avait « pas de maison devant soi . Un mur, une porte et une sonnette. Le concierge ouvrait, et l’on se trouvait sur le palier du premier étage, en descendant du ciel. Au second étage, on rencontrait la loge, -le concierge disait : il y a encore deux étages, en descendant. "Heureusement, conclut Gérard de Nerval, cette maison inverse n’avait pas d’entresol ».

C’est en tous cas ici, dans cette demeure insolite où il vécut de 1840 à 1847 qu’Honoré de Balzac conçut « La comédie humaine » et rédigea ses plus beaux romans (La Rabouilleuse, Splendeurs et misères des courtisanes, La Cousine Bette et le cousin Pons par exemple.) Enfin, sachez que sous la maison de Balzac il y a un site unique.  Un site qui nous permet de savoir aujourd’hui ce qu’était le village de Passy au Moyen Age. En effet, c’est le seul endroit de Paris que le temps a préservé en l’état. Et il y a quelques années, une mission archéologique à mis à jour un ensemble d’habitations troglodytes. Oui oui, des habitations troglodytes sous la maison de Balzac ! Et devinez ? Passy était un petit village de cultivateurs et de vignerons.

Eric Yung.

mardi 30 mars 2010

"CHARLES BAUDELAIRE, LE DAMNE QUODITIEN DE LA CAPITALE"

Le parisien Charles Baudelaire n’a jamais su se fixer dans un lieu précis bien longtemps. Il a été, sans aucun doute, avec Victor Hugo, l’écrivain ou ( si vous préférez) le poète, qui a habité le plus grand nombre de rues. Né en 1821 à Paris, au 13 rue Hautefeuille, dans le quartier latin, il a connu, jusqu’en 1867, un peu plus de 40 adresses. De chambrettes en hôtels en passant par quelques beaux appartements, Charles Baudelaire avait la bougeotte. Il a d’ailleurs écrit dans « Spleen de Paris » : il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas.

Mais une autre raison, beaucoup plus terre à terre que celle invoquée par le poète l’a conduit, souvent, à déménager : Charles Baudelaire, toujours endetté a fui, sans cesse, son dernier domicile parisien pour échapper aux créanciers qui l'ont recherché.  Et c’est ainsi qu’en moins de trente ans il a habité une quarantaine de lieux dont l’île Saint Louis, au l7 du quai d’Anjou où (précisons le) Théophile Gauthier avait créé le « Club des Haschichins », rue de Beautreillis, rue Yves Toudic et des hôtels de Pigalle, ceux des alentours de la gare du Nord, de la rue d’Amsterdam, de la rue de Provence sans oublier qu’il s’est installé durant 3 ou 4 ans, au 19 Quai Voltaire, dans une chambre du cinquième étage là où il a achevé « Les fleurs du mal » (en l856 ou 57 ?).

Mais peut-on parler de Baudelaire sans évoquer les nombreux lieux publics qu’il a fréquentés avec assiduité et où, faute d’argent, il a souvent résidé ? Les bistrots, les cafés et autres établissements borgnes et plus ou moins louches ont participé a créé la légende baudelairienne. Ainsi, « Le divan », un boui-boui de la rue Pelletier fréquenté aussi par Courbet, Nerval, Berlioz, Dumas et Nadar, le café de Bade du 32 boulevard des Italiens, la Brasserie des Martyrs situé au 7 et 9 de la rue du même nom et les quelques bordels de la rue Frochot. Une rue où le hasard a voulu qu’il rencontre Aglaé dites Apolline Sabatier une des deux femmes qui a compté dans la vie sentimentale de Baudelaire. C’est pour elle, Apolline qu’il a écrit l’Hymne :

Elle se répand dans ma vie


Comme un air imprégné de sel,


Et dans mon âme inassouvie


Verse le goût de l’éternel.



Si vous aimez les promenades littéraires vous pouvez marcher sur les pas de Baudelaire qui a été, selon Jules Laforgue « le premier à parler de Paris en damné quotidien de la capitale ».La poésie, muse délaissée, dit-on, a toujours pourtant le pouvoir de nous transporter dans le temps. Faites-en l'expérience ! Par exemple, levez-vous à l'aube  pour flâner dans l’île St Louis et vous le remarquerez : l'atmosphère est encore imprégnée de la présence du poète qui, en marchant sur le quai de Béthune, a écrit  :



« L’aurore grelottante en robe rose et verte


S’avançait lentement sur la Seine déserte,


Et le sombre Paris, en se frottant les yeux,


Empoignait ses outils, vieillard laborieux ». (1)



Eric Yung.

(1 - Tiré de Le crépuscule du matin –Tableaux parisiens- Fleurs du Mal)

vendredi 19 mars 2010

"LES NOUVELLES ARCHIVES DE L'ETRANGE" EN LIBRAIRIE DEBUT MAI 2010.

DECOUVRIR EN AVANT PREMIERE L'ESPRIT DU CONTENU  DES "NOUVELLES ARCHIVES DE L'ETRANGE". ~~                                   


 - INTRODUCTION–


Depuis son apparition journalistique (1) le fait-divers a été perçu, chez bon nombre d’élites, comme la lie de l’information, une sorte de trou de serrure propice au voyeurisme social et qui, de facto, a été reléguée dans la rubrique des « chiens écrasés ». Aujourd’hui, par la grâce des nombreuses études universitaires, sociologiques, philosophiques, ethnologiques etc. dont il est l’objet, le fait-divers semble avoir évolué vers une notion plus juste si l’on admet qu’il contient en lui-même la diversité de la vie. « Le fait-divers se place ainsi au cœur de l’un ou l’autre des deux problèmes essentiels : ce que l’homme est dans le monde, et ce qu’il est lui-même. Et que rien « d’autre ne saurait être plus intéressant » a écrit Roger Grenier (2). C’est en cela qu’il est la matière inépuisable du récit au sens où Roland Barthes (3) estime que « le récit est présent dans tous les temps, dans tous les lieux, dans toutes les sociétés (…) et que le récit est là, comme la vie.» Ainsi, le fait-divers dont le terme semble être une maladresse sémantique n’est pas (ou n’est plus) « l’événement inclassable » mais l’essence de toute histoire humaine. Il est le révélateur de « la magie des exceptions de la vie » ou de « l’absurde qui s’installe dans l’intelligence pour la gouverner avec une épouvantable logique » comme l’a écrit Charles Baudelaire dans sa préface introductive de la première édition des « Nouvelles extraordinaires » d’Edgar Poe. Le fait-divers est aussi –et c’est incontestable – une sorte de corne de fortune qui nourrit la littérature.

Ainsi, ces « Nouvelles archives de l’étrange » recueil de récits radiophoniques, sont toutes inspirées de faits-divers et sont donc des histoires de femmes et d’hommes dont l’absurde a brutalement et parfois violemment, transformé leur vie en destin. Raconter leurs histoires et, par l’écrit, les ancrer dans la mémoire collective c’est tenter de préserver les acteurs de ces parcelles ou ces lambeaux de temps passés. C’est aussi rendre hommage à tous ces êtres qui, malgré eux, et par le récit, deviennent parfois des héros romanesques.

Eric Yung.

(1) sans doute en 1860 avec la naissance du « Petit Journal », le quotidien populaire à un sou.

(2) " De l'utilité des faits divers ", in Les Temps modernes, n°17.

(3) Barthes 1981 [1966]

mardi 16 mars 2010

COLETTE ET LE 9, RUE DU BEAUJOLAIS ~~

Pouvez-vous imaginer une femme à la chevelure blanche et frisée, le corps raidi par la paralysie et qui, dans un dernier souffle, tente de relever son torse, juste ce qu’il faut, pour que ses yeux s’emplissent, une dernière fois, des beautés du jardin du Palais Royal ? C'est Maurice, son mari, à la force des bras qui redresse et maintient assise la vieille dame dans ce qu’elle a si longtemps nommé son « lit-radeau ». Maintenant, par la fenêtre du premier étage du 9 rue du Beaujolais elle pose son regard sur l’immensité verte du gazon, admire les massifs de fleurs et les grands arbres témoins de l’Histoire et dit :
- « Regarde Maurice ! Regarde ! »

Sitôt ces mots prononcés, la dame quitte son appartement pour toujours. Colette –oui, la grande Colette- vient de mourir ! Nous sommes le 3 août 1954.

Si Colette  a encré son existence au 9 rue du Beaujolais et ce par amour du Palais Royal elle n' y a pas toujours occupé l’étage "noble". Pas du tout. Elle a d’abord résidé dans « le tunnel » c'est-à-dire dans un entresol qu’elle a décrit ainsi : « Il était noir ! Il fallait de la lumière toute la journée. Il était si étroit qu’on y pouvait manger que de l’anguille.

En vérité, « le tunnel » -elle y a habité de 1926 à 1929- était un bouge nommé pudiquement –et je cite-
« poste de guet pour demoiselles de plaisir ». C’est là que ces dames restaient à l’affût des clients derrière les fenêtres cintrées dites castors ou demi-castors selon que leurs moyens et la prospérité de leur industrie les rendaient locataires d’une fenêtre entière ou d’une moitié de fenêtre ». En effet, Colette a vécu dans un ancien bordel !

Dès lors, le 9 rue du Beaujolais et que ce soit dans le tunnel ou, plus tard, à « l’étage ensoleillé » est devenu la source vive de son inspiration. C’est ici, que Colette a rédigé  la plus grande partie de son œuvre. Durant des années, le domicile de Colette a été le rendez-vous des plus grands artistes. Ils sont venus la voir, la consulter de tout Paris et du monde entier. Parmi les personnages les plus célèbres et dont les noms sont à jamais installés dans la mémoire collective il y a eu Paul Morand, Courteline, Cocteau, Francis Carco, Sacha Guitry, Jean Genet, Henri Mondor, Henri Matisse, François Mauriac et bien d’autres célébrités universelles.

Lorsque Colette est morte ( le 3 août 1954) le gouvernement français a organisé, le 7 août, pour rendre hommage au grand écrivain mais aussi à la parisienne, habitante amoureuse de son quartier, une cérémonie dans le jardin du Palais Royal, juste devant le 9 rue du Beaujolais. Une cérémonie ? Que dis-je ! La République a accordé, pour la première à une femme, des funérailles nationales.
Eric Yung.



vendredi 12 mars 2010

DISPARITION DE PASCAL GARNIER (Voir la rubrique "Epiderme")

Voir la rubrique "Epiderme". -Pascal Garnier -

mercredi 3 mars 2010

SIMENON et PARIS - ~~

Pour mesurer la réalité du mythe du commissaire Jules Maigret, j’avais autrefois –et c’était sur France Inter- imaginé une émission conçue autour du héros de Georges Simenon. Je désirais vérifier les effets de l’imaginaire dont la puissance métamorphose parfois la fiction en réalité. L’expérience fut plus que convaincante. Au micro, les dizaines de personnes interrogées dans la rue, dans un bar, dans un restaurant, autour du Quai des Orfèvres, chez le marchand de pipes et de chapeaux, avaient toutes affirmé, de bonne foi, qu’elles avaient croisées, au moins une fois, le commissaire Maigret, dans Paris. Mieux : quelques restaurateurs ou cafetiers m’avaient confié, avec la même assise, que leurs parents (qui étaient de la génération de Maigret) l’avaient bien connu. Le bistrotier désignait du doigt la table où il s’installait chaque soir pour boire son apéro ou sa bière. Le chef de cuisine me jurait que Maigret venait régulièrement dans son établissement pour y déguster son fameux bœuf bourguignon, la marchande de chapeaux se souvenait que le commissaire, « un homme si gentil » tentait de séduire sa mère à chaque fois qu’elle lui posait un feutre sur la tête. Quant au fabricant de pipes de l’avenue de Clichy, à l’en croire, c’était lui seul qui avait taillé les dizaines de bouffardes de Maigret. Je vous rapporte cette histoire pour dire que Georges Simenon et son commissaire Maigret bien que le premier soit né à Liège et l’autre dans l’Allier ont imprégné l’esprit du public et se sont installés, à jamais, dans les rues et les lieux de Paris. D’ailleurs, Simenon a habité, très jeune, la capitale. C’était en 1922. Il avait dix neuf ans et avait déjà écrit deux, peut-être même, trois romans. Le succès est venu vite ; il lui a permis d’occuper, très longtemps, le deuxième étage de l’immeuble du maréchal de Richelieu situé au 21 place des Vosges. C'est-à-dire que Simenon est devenu le voisin de Colette. Colette qui, attentive à ce jeune auteur, lui a recommandé « d’écrire simple ». Plus tard, Simenon dira « j’ai essayé d’être le plus simple possible. C’est le conseil qui m’a le plus servi dans ma vie. Je dois une fière chandelle à Colette de me l’avoir donné ». Mais avant de finir dans l’un des étages noble du 21 place des Vosges, Simenon a occupé son rez-de-chaussée : une petite pièce sombre. Il y aurait rédigé une importante partie de son œuvre. Après avoir dîné à La Coupole, au Bœuf sur le toit ou au Jockey il rentrait chez lui et dormait trois ou quatre heures avant de s’installer à sa table de travail où l’attendaient une bouteille de vin et la machine à écrire en… location. Il rédigeait jusqu’à 80 feuillets par nuit. Notons que Simenon a, entre 1924 et 1931, publié 190 romans sous l7 pseudonymes différents. C’est dire sa puissance de travail ! Quant à Maigret, Jules Maigret, il est apparu pour la première fois en 1929. C’était dans « Pietr-le-Letton ». Plus qu’une simple édition cet ouvrage est un événement puisqu’il donna l’occasion au père de Maigret de signer, pour la première fois, un roman sous l’identité de Georges Simenon.

Paris, disait-il, est « mon port d’attache ». Et même s’il a fait de lointains voyages, qu’il a séjourné aux Etats-Unis, qu’il s’est rendu spécialement aux Iles Samoas pour se recueillir sur la tombe de Robert-Louis Stevenson, que la guerre l’a conduit à La Rochelle (un épisode de sa vie qui reste controversé), Georges Simenon est toujours revenu à Paris. A son retour de voyages il a loué une chambre à l’hôtel Claridge en attendant de pouvoir occuper de nouveau l’appartement de la Place des Vosges. C’était en 1945. Douze ans plus tard, c'est-à-dire en 1957 il quitte Paris et se retire définitivement en Suisse ; à Figuiers exactement, dans une demeure baptisée « La maison rose ». En 1981 il y fait faire des travaux et il est obligé de loger, en hôtel, à Lausanne. C’est dans l’une des chambres de ce quatre étoiles qu’il a pris la main de Teresa, sa compagne et fidèle amie et lui a dit : « enfin, je vais dormir ». C’était le 4 septembre 1981. Il était 3 h 30’ le matin.

Eric Yung.

mercredi 17 février 2010

« LE VIEIL HOMME ET LA MER » d’E. Hemingway.


     Quel est l'intérêt de parler ici, dans un blog, d'un livre que tout le monde connaît et qui a été publié il y a plus d'un demi-siècle ? Parce que on ne se lasse jamais du merveilleux ;  et cela suffit.
 "Le vieil homme et la mer", dernier livre publié de son vivant, a permis à Hemingway d’obtenir le prix Pulitzer puis, pareil à un point d’orgue c’est encore « Le vieil homme et la mer » qui est venu, par le prix Nobel de littérature, consacrée en 1954, l’œuvre entière de notre américain de Paris, Ernest Hemingway. Un roman qui débute par ces deux premières phrases construites simplement : « Il était une fois un vieil homme, tout seul dans son bateau, qui pêchait au milieu du Gulf Stream. En quatre-vingt-quatre jours, il n'avait pas pris un poisson ». Ce début du livre est, sans aucun doute, la plus belle démonstration de l’exigence absolue d’Hemingway d’aller à l’essentiel, de dépouiller la phrase pour « écrire vrai » disait-il et arriver à ce qu’il définissait lui-même de « style maigre ». Et pour illustrer encore cette volonté de purisme rappelons-nous qu’il aurait, (selon certains biographes) recommencé trente neuf fois la première page de l’Adieu aux armes. Ainsi, nous tous qui aimons la lecture, reprenons plaisir (ou prenons un plaisir nouveau) à vivre et les mots et les phrases d’Hemingway de son « Vieil homme et la mer » dont l’écriture annonçait la stylistique moderne. Mais lire « Le vieil homme et la mer » ce n’est pas seulement s’arrêter sur l’esthétique narrative. C’est d’abord et surtout, peut-être, se fondre avec la noblesse de cette histoire humaine simple et extraordinaire à la fois. C’est vibrer au rythme des émotions que connaît Santiago, le vieil homme, le pêcheur avec des « rides comme des coups de couteaux et des taches brunes sur la peau causée par la réverbération du soleil sur la mer des Caraïbes ». C’est aimer Manolin, le petit garçon qui jamais ne désespère de voir son ami Santiago ramener à terre le plus gros des poissons. Un gosse qui le protège des lazzis des gens du village. « Le vieil homme et la mer » c’est encore partager avec lui sa solitude lorsqu’il est au large et qu’il « ne distingue plus la ligne verte du rivage (…) qu’il « ne voit plus que les irisations profondes sous l’eau violette » (…) parce que « la mer a pris une couleur foncée » (…) et « qu’il y a mille mètres de fond ».

Enfin, pour vous convaincre de vous délecter avec « Le vieil homme et la mer » –mais avez-vous besoin de l’être ? - sachez qu’il s’agit d’un livre épatant. Ce roman –que beaucoup ont souvent confondu avec une nouvelle est court et se lit en un seul aller-retour du dodo au boulot. Alors, n’hésitez pas, dès demain matin, mettez dans votre poche ce roman d’Hemingway et lisez ou relisez-le. Je vous le promets : vous serez emporté par la mer des Caraïbes et sa beauté, ému par les efforts de Santiago qui, les mains coupés par son filin, combat le courageux espadon, et vous serez attendri par la joie de Manolin, le petit enfant qui, aux dernières pages du livre, vivra le retour victorieux de son ami, « le vieil homme ».

Eric Yung.

jeudi 4 février 2010

Arthur Bernède, Belphégor et les autres.


Arthur Bernède.


CHRONIQUE / Les succès d’autrefois.



Je baguenaudais dans le quartier de Belleville. En passant devant l’étroite et sombre vitrine d’un marchand de rêves plus proche du chiffonnier que du brocanteur, je remarquais une pile de bouquins. L’un d’eux, celui placé le plus proche de moi, portait le titre « Belphégor » et suivait le nom de son auteur : Arthur Bernède. Un nom d’écrivain que je ne connaissais pas ou que j’avais oublié depuis longtemps, à moins que je ne le confondisse avec Gaston Leroux, un ami dArthur Bernède et auteur du « Fantôme de l’Opéra » sachant que Belphégor a hanté, de son côté, le Palais du Louvre. Bref, Arthur Bernède se révélait donc être le créateur de Belphégor, ectoplasme s’il en est, rendu célèbre par la télévision (Claude Barma), entre le 6 et le 27 mars 1965, période d’un feuilleton diffusé sur la 2° chaîne de l’O.R.T.F. Arthur Bernède ! Quelle ne fût pas ma surprise, après avoir acheté l’ouvrage exposé en vitrine, d’apprendre qu’Arthur Bernède était un écrivain prolixe, né à Redon (Ille-et-Vilaine) en janvier 1871, mort, à Paris à l’âge de 56 ans et auteur de près de 300 romans, d’une bonne vingtaine d’opéras et de 17 pièces de théâtres. Une œuvre hétéroclite composée de romans policiers, d’aventures, d’espionnage, d’amour et de récits historiques. Certains des titres sont forts connus et ont été vendus, dit-on, à des centaines de milliers d’exemplaires. D’autres ont été adaptés au cinéma. Est-ce pour cela que l’on connaît bien Arthur Bernède ? Non, semble-t-il. Pourtant plusieurs de ses romans, quelques-uns de ses opéras et plusieurs de ses pièces de théâtres ont connu un immense succès populaire. Raison pour laquelle, sans doute, l’évocation de certains titres nous rappelle d’anciennes lectures ou de vieux souvenirs. Ainsi, c’est presque certain, vous avez entendu parler de « Judex » et de ses aventures déclinées, un peu plus tard, en « Les incarnations de Judex ». Arthur Bernède c’est aussi "Chantecoq" héros d’ une série d’espionnage, et d'un certain Méphisto dans sa version originelle, un roman adapté au grand écran et qui donna le premier rôle du cinéma parlant à Jean Gabin ;  « Fleur de Paris » ouvrage, lui aussi, adapté au cinéma avec pour héroïne principale…Mistinguett. Il y a eu aussi les premières versions imaginaires de la vie de Landru, de Lacenaire, de Mata Hari, ou encore « La Loupiote » roman co-écrit avec Aristide Bruant tout comme la « Môme Printemps », « Le vampire de Düsseldorf » et évidemment « Belphégor » sans oublier « Surcouf ». Arrêtons-là cet inventaire littéraire. Cette courte chronique ne suffira pas à énumérer une œuvre si riche. Pourtant, sachez encore, que Arthur Bernède est, en France, l’inventeur (avec Gaston Leroux) des « cinéromans » vous savez ces histoires sensées concurrencer les films à épisodes et qui se présentaient sous forme de magazines illustrées de photographies et de textes.

Lire, par exemple, les aventures de Belphégor d’Arthur Bernède comme je viens de le faire tout récemment, c’est dix fois, que dis-je … cent fois plus palpitant que de revoir, en DVD, la série télévisée ! Reste que cette lecture il faut la mériter… les livres de Arthur Bernède ne sont pas tous réédités mais il est cependant possible de trouver certains d’entre eux chez les bouquinistes bien sûr, mais aussi via quelques sites spécialisés sur Internet.
Eric Yung.

C’était Arthur Bernède.



Eric YUNG.

samedi 30 janvier 2010

ROGER VAILLAND A TOUJOURS BON PIED, BON OEIL !

ROGER VAILLAND/ CHRONIQUE YUNG –




L’œuvre de Roger Vailland semble avoir été oubliée du grand public. Cependant, - et c’est un paradoxe ! – il y a peu d’écrivains contemporains qui bénéficient d’autant de considérations : des associations d’admirateurs veillent à sa mémoire, des colloques internationaux et des conférences savantes maintiennent, dans le temps, son œuvre littéraire, des villes et des régions françaises le fêtent chaque année. Les honneurs et les hommages autour de Roger Vailland sont légions. Malgré cela combien de personnes peuvent répondre à la question : qui a écrit « Bon pied, bon œil », « Drôle de jeu », « Beau masque », « La loi », « La truite » etc. ? Peu sans doute. Or, parmi les titres énoncés il y a en deux qui ont été, tout de même, récompensés par les prix prestigieux que sont l’Interallié et le Goncourt. Le premier, Roger Vailland l’a obtenu en 1945 pour « Drôle de jeu » et le second lui a été donné pour « La loi ». C’était en l957. Soulignons que son œuvre entière est importante, par le nombre des publications bien sûr, mais aussi par l’impact intellectuel qu’elle a eu dans les classes populaires du milieu du 20° siècle. Alors, comment expliquer que les romans de Roger Vailland ont été remisés dans l’armoire de l’oubli ? Ne serait-ce pas parce que celui qui fut un communiste éphémère, un adepte des paradis artificiels et un libertin, ne serait plus adapté aux normes du conformisme moral, sanitaire et social de la société d’aujourd’hui ? C’est possible. A moins, se demande Christian Petr, président de l’association des amis de Roger Vaillant, qu’il ne « souffre des préjugés concernant la littérature militante » ? Mais alors, écrit encore Christian Petr, ce serait faire fi « des hasards de la vie et de l’histoire qui brouillent heureusement toutes les références … ».

Roger Vailland est d’abord un romancier, un vrai, un « être libre, c'est-à-dire souverain ne reconnaissant à personne le droit de me tyranniser » a-t-il écrit.

Il est un écrivain dont l’œuvre toute entière est toujours tiraillée entre l’action, le devoir et le plaisir. Ainsi, « Drôle de jeu », roman puisé aux sources de la contradiction humaine et taillé dans le vif de la vie quotidienne d’un résistant contre le nazisme. « La loi », roman qui a donc obtenu le Goncourt en 1957 et qui a été adapté au cinéma par Jules Dassin avec, pour acteurs, Yves Montant, Marcello Mastroianni et Gina Lollobrigida, raconte certes, une histoire différente, mais révèle, là encore, des existences confrontées à d’indicibles et inévitables rapports de force. Si vous n’avez jamais lu Roger Vailland, n’hésitez pas : découvrez-le avec ces deux ouvrages. Préférez-vous vous encanailler avec quelques récits vécus du sybarite Roger Vailland ? Alors, lisez ses « Ecrits intimes », vous ne serez pas déçu. Enfin, sachez que Roger Vailland est né en 1907 et qu’il a disparu à l’âge de 57 ans. Il repose à Meillonnas, non loin de Bourg-en-Bresse, dans le département de l’Ain.
Eric Yung.

mercredi 20 janvier 2010

Marcel Aymé, un écrivain décrié et humilié par l'intelligentsia de son époque et celles d'après...



Marcel AYME – Chronique Yung.



Marcel Aymé ? Ses romans, ses nouvelles ont connu de grands et beaux succès. Ses pièces de théâtres ont été célébrées par le public. Ses dialogues sont, pour bon nombre d’entre eux, entrés dans la légende cinématographique (souvenez-vous de la fameuse réplique : « salaud de pauvres ! » dites par Jean Gabin face à un couple de cafetiers qui exploite de jeunes enfants juifs dans la « Traversée de Paris »). Marcel Aymé a été, en son temps, l’un des écrivains les plus lu. Sans cesse réédité, son œuvre entière est à notre disposition. Il faut lire ou relire Marcel Aymé. Pourquoi ? D’abord parce que cet écrivain du 20° siècle a décrit, avec un réalisme intense, les structures sociales et les mœurs de la société française des années de la seconde guerre mondiale et de celles qui l’ont suivies ; qu’il est l’un des rares auteurs à avoir, avec talent, user du fantastique pour ironiser sur l’hypocrisie, l’avidité et la violence de nos contemporains. Ensuite, parce que s’intéresser aujourd’hui à l’œuvre de Marcel Aymé est une juste revanche contre les intellectuels et critiques de son époque qui ont voulu que son nom n’apparaisse jamais au frontispice des belles-lettres. En effet, Marcel Aymé –à l’exception de quelques uns dont François Mauriac- n’a jamais réussi à se faire reconnaître par ses pairs. Il est vrai que son anticonformisme et ses comportements intellectuels ont dérouté bon nombre d’entre eux. Ces attitudes l’ont conduit au pilori de l’infamie avant que l’incompréhension, l’intolérance, la bêtise et la haine l’accusent de collaborationnisme avec l’occupant allemand. Mais la chose n’est pas si simple et aurait méritée d’être examinée plus au fond sachant que le manichéisme est l’ennemi des mémorialistes. Et encore : aurait-il fallu que des historiens étudient le cas de Marcel Aymé. Cela n’a pas été fait par peur -peut-être ?-  qu’une étude objective et approfondie de son œuvre taxe son auteur de réactionnaire voire de fasciste. C’est dire si la méchanceté d’une époque ternie toujours la mémoire de Marcel Aymé pour qu’ainsi l’université n’éprouve point trop le besoin de l’étudier sans a priori. Marcel Aymé a-t-il ou pas collaboré avec l’ennemi allemand ? Il est vrai qu’il a, durant l’occupation, publié de nombreuses nouvelles et quelques romans dans des journaux à la botte du régime de Vichy (« La gerbe » et « Je suis partout », par exemple) ; c’est vrai qu’il a, une fois, sollicité, pour le financement d’un film, la « Continental » société de production cinématographique complice de la propagande du troisième Reich. Une démarche qui lui vaudra d’ailleurs, à la Libération, un « blâme sans affichage ». Mais dans le même temps –et faut-il pour autant donner un sens à cette contradiction ? – il a fait équipe avec le réalisateur marxiste Louis Daquin. Par ailleurs, avant 1939, Marcel Aymé a tourné en dérision le régime nazi et c’était dans « Travelingue », « La carte » ou le « Décret » tiré du recueil de nouvelles « Le passe muraille ». Il a aussi écrit des romans qui parlent, avec férocité, de la France des années 40 et de l’épuration avec ses acteurs du « marché noir », « ses dénonciateurs et leurs règlements de comptes revanchards et injustes (pour s’en convaincre il suffit de relire « Uranus »). Et puis, Marcel Aymé ne s’est pas fait d’amis chez les magistrats qui tous, sauf un (Paul Didier), ont prêté serment à Pétain. Il faut dire qu’il leur a recommandé de faire « un stage de deux ou trois mois en prison avant de juger les autres »… C’était dans « La têtes des autres » une pièce de théâtre qui, soulignons-le ici, a été parmi les premières à dénoncer la peine de mort.

Alors, aujourd’hui il serait inique d’ignorer l’œuvre de Marcel Aymé. Ce serait une nouvelle façon de se joindre un peu à l’ignominie de ses détracteurs d’antan.

Antoine Blondin a écrit « L’ignorance dans laquelle la critique et les manuels de littérature ont tenu l’œuvre de cet écrivain relève du scandale culturel ». Mais Blondin était un « Hussard » direz-vous peut-être. Alors, prenons Jean-Louis Bory dont il est difficile d’imaginer qu’il a été à la droite de l’échiquier politique. Eh bien, Jean-Louis Bory a déclaré : « Mes deux passions sont Aragon et Marcel Aymé. J’ai écrit « Mon village à l’heure allemande », en pensant à Marcel Aymé. Alors, n’est-il pas temps de réhabiliter Marcel Aymé ? Ce  serait justice que de célébrer le grand écrivain qu’il est et l’homme libre qu’il a été !
Eric Yung.