dimanche 9 septembre 2012


BALZAC : "UNE TENEBREUSE AFFAIRE"

HONORE DE BALZAC SERAIT-IL LE PÈRE DU POLAR ?

 La question mérite d'être posée. En effet, si tout le monde sait que Balzac est l'auteur fameux de la "Comédie Humaine", en revanche, combien de lecteurs savent qu'il a aussiécrit un roman qualifié aujourd'hui de "policier" et qui a eu –au temps de sa publication - beaucoup de succès ? "Une ténébreuse affaire » serait donc le premier polar français ?  La thèse est agréable à entendre mais elle n’est point –loin de là- établie formellement. En effet, si quelques universitaires disent volontiers qu’Honoré de Balzac est le père du roman policier français, une majorité d’historiens de la littérature lui dénient cette reconnaissance et ce, pour des raisons que l’on pourrait qualifier de purs académismes dont les règles ont été fixées par quelques spécialistes du genre. Que penser de cette recherche de légitimité sur un genre littéraire qui deviendra plus tard le polar ? C'est un débat intéressant, quelques érudits aiment à l'entretenir et l'enrichir et il est loin d'être clos.  Pour l'instant, retenons que tout le monde s’accorde à dire que c’est Edgar Poe, lorsqu’il publie, en 1841, « Le double assassinat de la rue Morgue » qui serait l’inventeur du genre policier tandis qu’Emile Gaboriau serait le premier écrivain français a avoir écrit de vrais romans policiers avec, en 1866, l’« Affaire Lerouge » et en 1867 « Le crime d’Orcival ».
Revenons donc à Balzac et à son fameux roman « Une ténébreuse affaire ». Si ce livre a connu un très grand succès lors de sa parution c’est qu’il a été inspiré de faits réels forts connotés par l’Histoire de France. En effet, Balzac a voulu –et de nombreux documents en attestent- percer, pour le décrire, ce que fut, à ses yeux, le mystère de la crise de Marengo, c'est-à-dire le complot qui, en 1800, devait destituer Napoléon afin qu’un triumvirat composé de messieurs de Talleyrand, Fouché et du sénateur Clément de Ris puissent prendre le pouvoir. Mais l’Empereur emporta la bataille de Marengo contre les autrichiens ; une victoire qui fit échouer la conspiration. Toujours est-il qu’au-delà de l’aspect historique de ce roman d’autres ingrédients narratifs le rendent passionnant. L’intrigue d’abord avec ce policier Corentin, âme damnée de Fouché, chargé d’enquêter sur les nobles impliqués dans le complot, un trésor caché dans une forêt, des trahisons, un enlèvement, des condamnations et une exécution capitale, du suspens et une chute inattendue puisque le ou les coupables et les « méchants » n’étaient pas ceux que le lecteur croyait.
 Bref, si vous voulez vous régaler avec un roman de Balzac un peu oublié, lisez « Une ténébreuse affaire ». Sa lecture vous réjouira. Après, il vous restera , si vous le souhaitez, à dire sur ce blog si, selon vous, Honoré de Balzac est ou n'est pas le père du roman policier français ?
« Une ténébreuse affaire » est aujourd’hui édité, en « poche ». C’est chez Gallimard dans la collection Folio.
Eric Yung.


lundi 16 avril 2012

CHERS AMIS, à la suite d'une mauvaise manipulation, je vous présente deux blogs pour le prix d'un ! Alors, n'hésitez pas : passez de http://eric-yung.blogspot.com/

à

http://lescarnetslittrairesdericyung.blogspot.fr/

SANS VERGOGNE...

Amicalement.
Eric Yung.

PS/ Pour les amis abonnés merci de cliquer sur l'autre blog. Ainsi, peu à peu, je pourrais revenir à un unique blog. Est-ce clair ? Je n'en suis pas sûr. Bref, merci encore et tout de même.

Octave Mirbeau et l'encre de la révolte.

OCTAVE MIRBEAU – CRHONIQUE – YUNG







- Octave Mirbeau a été l’un des auteurs les plus populaires du 19° siècle. Si l’on connaît bien « Le journal d’une femme de chambre » l’un de ses livres adapté par Buñuel au cinéma on ignore beaucoup de son œuvre et de sa vie.



Octave Mirbeau ? C’est le peuple français - au sens où cette expression avait au 19° siècle un sens - qui l’a aimé et adulé et qui lui a offert le succès et la gloire. En revanche, ce que l’on a osé appeler l’intelligentsia de l’époque c'est-à-dire –selon Pierre Michel, universitaire et président–fondateur de la société Octave Mirbeau - « les spéculateurs et affairistes, les pirates de la bourse, les requins de l’industrie, les monstres moraux (…), les pétrisseurs d’âmes (…) et les rastaquouères des arts et des lettres » l’ont détesté. Et pour cause : Octave Mirbeau a, dans toute son œuvre, mis au pilori de l’infamie toutes les formes de « l’exploitation de l’homme par l’homme » (une locution, précisons-le en passant, qui est de Théodore Six et non pas comme on le croit souvent de Karl Marx) oui, disais-je, combattre « l’exploitation de l’homme par l’homme » « pour, a écrit Emile Zola, "donner son cœur aux misérables et aux souffrants de ce monde ».









Tout au long de sa vie, Octave Mirbeau, a trempé sa plume dans l’encre de la révolte avec l’espoir que la littérature « abrutie par la fausse poésie du panthéisme idiot et barbare » se débarrasse –au bénéfice du peuple- de « ces stupides sentiments (…) conventionnels » de « ses erreurs métaphysiques » et que l’écrivain devienne un « prolétaire des lettres » pour s’engager « dans les combats de son temps ». Des idées partagées alors par le grand public. En effet, il faut savoir que certains de ses romans se sont vendus à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires ce qui a été, au temps de leurs publications, un phénomène d’édition. Qu’au moins deux de ses pièces de théâtre ont remporté de grand succès. « Les mauvais bergers » par exemple (dont les rôles principaux ont été interprétés par Sarah Bernhard et Lucien Guitry) a rempli les salles durant des semaines et « Les affaires sont les affaires » (jouée en 1903) a connu un triomphe mondial.









Et puis, Octave Mirbeau s’est plu à pourfendre l’art académique. Il a dénoncé aussi les réseaux de salon, s’est lancé dans la bataille des dreyfusards, a défendu et fait connaître des écrivains novateurs tel que Maurice Maeterlinck, Rémy de Gourmont, Jules Renard, Léon Bloy, a soutenu Paul Léautaud et Alfred Jarry et a admiré les écrivains russes. De quoi rendre fou les valets de la société conformiste et des biens pensants. Alors, on a voulu en finir avec Octave Mirbeau, cet écrivain qualifié –dans un rapport de police daté de 1891- de mal-pensant et de provocateur bref, en un mot, « d’anarchiste ». C’est vrai, Octave Mirbeau a attisé les haines des classes dirigeantes de l’époque et leur aversion vis-à-vis de l’écrivain a été si grande qu’il a même été victime d’un complot monté par ses détracteurs. En effet, sitôt après sa mort et avec la complicité de son ex-épouse, ils ont publié un faux testament intellectuel. Une action dont le but avoué a été de salir durablement la mémoire d’Octave Mirbeau.









Ses livres devaient donc se faire rares dans les bibliothèques et son nom expédié, à jamais, dans l’armoire de l’oubli. Beaucoup l’ont cru. Mais en 1970 un éditeur (Hubert Juin) décide de republier ses romans. C’est le début de sa réhabilitation. En1980 ce sont les premières recherches universitaires en France. Enfin, sous la houlette de l’érudit et passionné Pierre Michel c’est, en 1990, la parution de la première biographie d’Octave Mirbeau. Depuis, c’est la résurrection : de colloques internationaux en conférences, de débats en lectures publiques, l’œuvre d’Octave Mirbeau a repris sa juste place au Panthéon de la littérature universelle.





















Si vous ne connaissez pas encore Octave Mirbeau permettez-moi de vous conseiller, pour commencer, « Le journal d’une femme de chambre », « Le jardin des supplices » ou « Un gentilhomme ». Des livres que l'on trouve facilement dans les "vraies" librairies.

Eric Yung.









Publié par Eric YUNG à l'adresse

lundi 27 février 2012

EXPOSITION PHOTOS DIDIER COHEN. Vernissage le 1er mars 2012. Voir lien.

didco75.jimdo.com/


didco75.jimdo.com/

jeudi 19 janvier 2012

UNE NOUVELLE REVUE : CRIMES ET CHÂTIMENTS.

"CRIMES ET CHATIMENTS" est une revue trimestrielle luxueuse vendue en librairie et quelques autres lieux culturels au prix de 15 Euros.

Au sommaire du premier numéro : Le procès Krombach par Thierry Lévêque, La France du crime, De drôles d’affaires et un choix de polars par Eric Yung, Crime et littérature par Charles Diaz et bien d’autres sujets passionnants.


                                                
La revue est disponible depuis le 26 janvier 2012.

"Crimes et châtiments" se sont des papiers de fond, des approches philosophiques et des regards différents sur les sociétés d'hier et d'aujourd'hui, des dossiers, des polars e veut littéraire et informative, des articles de fond, des dossiers dont, dans ce premier numéro, celui =consacré "Aux destins de femmes", des nouvelles, des analyses, des polars, de magnifiques illustrations, quelques photographies inédites et des "signatures" dont :

- Eric Yung,
 journaliste et écrivain.

Charles Diaz, historien et auteur de nombreux ouvrages sur la police.
Paul Lefèvre, Isabelle Dumas-Pelletier et Dominique Verdalhian, chroniqueurs judiciaires.

-Thierry Lévêque, auteur de Boulevard du crime, de la Vie quotidienne et secrète du Palais de justice de Paris.
Audrey Goutard, grand reporter.
Dominique Rizet, journaliste et écrivain.

Claude Cancès, ancien directeur du 36 quai des Orfèvres, auteur de L’histoire du 36.
Franck Hériot, journaliste, éditeur et écrivain.
-Jérôme Pierrat, auteur -entre autres- de "Caïd Story" une série diffusée sur Canal +
Et aussi Patrick Banon, Christophe d'Antonio, Gérard Gachet, Bernadette Caille, J.François Coulomb des Arts, La Christaine, M.Lys Lubrano, Eric Pelletier.


Et sur ce blog également : http://lescarnetslittrairesdericyung.blogspot.com/

dimanche 25 décembre 2011

DEUX BLOGS DIFFERENTS, enfin presque, pour LES CARNETS LITTERAIRES D'ERIC YUNG.

UNE ERREUR DE MANIPULATION QUE JE NE SAIS PAS RECTIFIER A CONDUIT VOTRE SERVITEUR A AVOIR -MALGRE LUI- DEUX BLOGS, PROFITEZ-EN !

http://lescarnetslittrairesdericyung.blogspot.com/

http://eric-yung.blogspot.com/

PROSPER MERIMEE.

PROSPER MERIMEE – 2 décembre 07





CHRONIQUE YUNG/ UN LIEU ET UN ECRIVAIN



SUR LES PAS DE MERIMEE.

Prosper Mérimée, l’un des inventeurs (selon Walter Scott) du « roman historique » est associé, pour beaucoup d’entre nous, à un cauchemar d’enfant. N’est-il pas, en effet, l’auteur qui a fait trembler bon nombre de têtes blondes le jour où il devait coucher, sur la page d’un de leurs cahiers, la fameuse dictée créée par lui à la demande de la princesse Eugénie et récitée –pour la distraire- devant la Cour ?




Une foutue dictée qui a fait les belles heures de l’enseignement républicain des années 50 et 60. Et il est certain que trois ou quatre générations ont toutes été victimes de Mérimée, ce maléfique écrivain tant il s’est plus à torturer bon nombre de jeunes méninges encore fermées à la grammaire et à l’orthographe. A la fin du cycle primaire, elle est devenue, au fil des ans, une sorte de rituel initiatique à la complexité de la langue française imposé aux enfants juste avant qu’ils ne quittassent, comme l’on disait autrefois, la petite école pour entrer au lycée.  Une dictée courte (elle fait une dizaine de lignes) qui est si compliquée que l’Empereur Napoléon III y fit 75 fautes et qu’Alexandre Dumas, qui était déjà à l’Académie française, en fit 24. Une dictée qui –rappelez-vous- dès sa première phrase nous faisait distinguer « les cuisseaux de veaux et les cuissots de chevreuils ». Prosper Mérimée ou la terreur des gamins !
Prosper Mérimée est né à Paris en 1803 dans une maison située au cœur de la capitale ; exactement au n° 7 Carré de Sainte Geneviève. Il habite ensuite rue Royer Collard, puis rue Lhomond et fait ses études au lycée Henri IV et devient voisin de palier, en s’installant avec ses parents (au 16 rue des Petits Augustins) d’un jeune homme qui s’appelle Hugo, Victor Hugo. C’est l’époque où il apprend l’anglais, l’espagnol, le grec, la philosophie. Il passera, un peu plus tard, une licence de droit. Dès lors, Prosper Mérimée fréquente les salons littéraires dont le plus célèbre se situe au 1 rue Chabanais, à l’angle de la rue des petits champs. C’est ici, en ce lieu qui existe encore, qu’il fait la connaissance de Stendhal et de Sainte Beuve et qu’il conçoit, avec eux, le « romantisme réaliste ». Une « école littéraire » (sic) qui le conduira à écrire « Carmen ». Oui, « Carmen » … un texte de Mérimée qui inspirera Bizet pour son opéra.
– Prosper Mérimée aimait les femmes, passionnément. Conséquence : il a passé des jours et des nuits entières (au point où, certains de ces endroits étaient devenus presque des domiciles) dans quelques bouges parisiens en compagnie du peintre Delacroix et le poète Alfred de Musset.

Si vous êtes amateurs de promenades littéraires dans Paris, sachez que vous pouvez visiter toutes les demeures de Prosper Mérimée. Pour connaître ses adresses je vous invite à vous rendre sur le site de « Terres d’écrivains » via l’adresse : http://www.terresdecrivains.com/Prosper-Merimee-a-Paris-et
                                                                                    

Eric Yung.

jeudi 8 septembre 2011


BSC NEWS/ Copie : Chronique numéro de juillet-août.

 2011-07-18



POLARS ET ROMANS NOIRS, ATTENDEZ-VOUS A SAVOIR…

Par ERIC YUNG


Autrefois, une fameuse journaliste de ce qui était encore « Radio Luxembourg » -elle s’appelait Geneviève Tabouis - avait l’habitude, pour attirer, d’emblée, l’attention de ses très fidèles auditeurs, de débuter ses chroniques politiques (de 1949 à 1967), d’une voix haut perchée et un tantinet nasillarde par un tonitruant « Attendez-vous à savoir… »,  une expression devenue célèbre au fil du temps. Aujourd’hui, il n’y a pas de meilleure formule que celle-ci pour vous demander, chers amis lecteurs et lectrices de BSCNEWS Magazine, de vous mobiliser et apprécier, en exclusivité, quelques bons livres qui - c’est certain ! – feront l’événement, en septembre, de la rentrée littéraire.
 Alors, attendez-vous à savoir… que Jean-Claude Pirotte  est de retour. 

Il publie « Place des Savanes » aux éditions du Cherche-Midi, un roman qui sera en librairie dès le 12 août prochain. Et c’est fort et c’est beau et ça a de la gueule et du style. Enfin, c’est du Pirotte ! Roman noir par excellence (mais qui peut déstabiliser un peu le lecteur qui ne connait pas encore l’imaginaire de l’auteur) « Place des Savanes » nous raconte  à la première personne du singulier les aventures d’un jeune garçon qui se nomme Ange Vincent. Mais peut-être n’est-ce pas lui qui nous narre son histoire. Peut-être n’est-ce pas ce gamin qu’il a été, celui qui, dans son lit, attendait le sommeil tandis que « certaines nuits la lune entrait par la lucarne, et que la flamme de la bougie alors se tenait droite » jusqu’à ce que sa grand-mère entre dans sa chambre et lui dise « je mouche la chandelle, mais je te laisse la lune ». Non, peut-être qu’il ne s’appelle pas Ange Vincent. Mais qui est-il alors ? Se nomme-t-il Armen Lubin, le poète qui, répond à un vieux flic assis à sa table, dans une brasserie :
- N’ayant plus de maison ni logis,
- Plus de chambre où me mettre,
- Je me suis fabriqué une fenêtre, sans rien autour.

Armen Lubin ? C’est possible sans que ce soit certain. Mais qui est-il donc celui qui fait entendre sa voix tout au long du roman ; cette voix parfois sourde, parfois légère mais toujours monocorde.  C’est un homme qui ignore son identité,  qui ne connaît de sa naissance que son lieu. Et encore, il en sait seulement la première lettre : « S ». Quant à l’enfance ? La sienne est pareille à toutes les autres et « explore candidement un enfer de miroirs et de greniers obscurs, où les imageries d’un présent sans mémoire se bousculent ». Alors, le vieux flic a beau l’interroger sur l’assassinat qui vient de se commettre, le héros principal du livre ne parlera pas. Et puis, l’environnement du crime est, faut-il dire, inhabituel puisque le mot étrange qui pourrait qualifier le petit monde dans lequel se meuve les personnages de Jean-Claude Pirotte n’est pas suffisamment fort et renverrait trop, ici, à d’habituelles références du roman noir français.  Enfin, constatez par vous-même ! La construction de l’énigme n’est pas en soi le piment de « Place des savanes » et en plus, l’auteur s’arrange pour que nous puissions en trouver la clé, facilement. Elle est en effet toute proche de nous et doit être cherchée  chez un vieil homme, le grand-père Del Amo. Un drôle de type qui vit, entouré de deux sœurs prénommées Ma, dans une maison bizarre. Deux femmes qui servent rituellement le thé et le saké au patriarche et à ses invités. Deux geishas qui ne sont que « des objets précieux dans la mesure où l’on évite de leur prêter des pensées ou des sensations conformes à leur aspect et leur morphologie » mais qui sont « la barbarie même sous le vernis de la suavité ».

« Place des savanes » est, sans aucun doute, une œuvre dominée par la force de l’écriture et un univers lyrique. Mais, c’est aussi un livre qui sent le souffre, celui –selon la tradition biblique- aimé par Satan et qui est le symbole du châtiment. La vérité de ce roman est peu commune : tout le monde est coupable et complice. Et puis, sans dévoiler la fin de l’histoire sachez que dans les 142 pages qui constituent le récit il y a du sérieux grabuge : le tueur est un « ex-taulard, un maquereau sans foi ni loi », l’arme du crime, restée introuvable, « a été démontée et ses pièces détachées sont en train d’accélérer la fermentation dans les fûts du beaujolais de la Taverne » et l’assassin lui-même a été flingué. Et dire que tout cela a un sens ! Lequel ? C’est la vraie énigme à découvrir.
Lire « Place des savanes » c’est prendre le risque d’aimer Jean-Claude Pirotte, autrement dit d’aimer l’un des grands romanciers de ce temps.




Attendez-vous à savoir que « Le plan Q »  titre du dernier roman de Djuro Luy n’est en rien un livre érotique. C’est un polar presque classique. Il vient de paraître aux éditions Biro & Cohen dans la nouvelle collection « Art Noir » dont la maquette est fort réussie : livre présenté en format de poche, papier épais et pagination dense dont les tranches (tête, queue et gouttière) sont unifiées en noir. Joli, réussi ! L’idée générale de ce spicilège est d’avoir demander à des auteurs de romans noirs et policiers d’écrire une fiction ayant pour thème, uniquement, le milieu de l’art pictural. Il faut préciser ici, que Biro & Cohen Editeur est davantage connu et reconnu pour ses ouvrages sur l’art. Or, cette maison, depuis peu, a élargi son catalogue. C’est ainsi qu’elle s’est ouverte, d’un côté aux romans policiers traditionnels (avec la collection « Sentier du crime ») et de l’autre qu’elle a pris le parti de garder son identité éditoriale (celui du monde de la peinture) tout en la déployant sous formes d’ ouvrages proches des thrillers et des récits à suspense.
 « Le plan Q » de Djuro Luy participe donc à installer cette collection sur le chemin voulu par l’éditeur d’autant que ce polar amorce, semble-t-il, une série -voire une saga- racontant les aventures de la détective Christine Bard-Muller. Une femme flic qui est apparue dans une enquête menée sur le vol de la Joconde sous le titre « Permettez-moi de ne pas signer », le précédent roman de l’auteur.
« Le plan Q », dans sa quatrième de couverture, nous précise que ce serait « un road-book où se rencontrent le vice et la vertu, l’art, la politique, l’Histoire, le sang et le désir ». Certes, sans aucun doute et cela est bien dit. Et s’il est vrai que le récit suit l’ordre d’un voyage au départ de Paris jusqu’à Bratislava et qu’il est ponctué de mille et une aventures,  il convient tout de même de préciser que ce polar n’est pas seulement une sorte de journal de bord tenu, au jour le jour, par la détective Bard-Muller. C’est d’abord un roman noir  qui mêle subtilement suspense et intrigue psychologique. Par ailleurs, la connaissance manifeste de Djuro Luy (mais ne serait-ce pas un pseudonyme qui cacherait le véritable nom d’un homme du métier ?) pour le commerce des tableaux de maîtres, les fortunés collectionneurs, les galeristes un peu véreux et la naïveté marchande des peintres fait de ce véritable thriller une sorte de visite guidée chez les « mafieux » de la barbouille. Des truands qui, croyez-le, n’ont pas plus d’éducation que leurs confrères spécialisés dans la came, le racket ou la prostitution, d’autres univers criminels qui, a priori, sont beaucoup moins chics que celui des pinces fesses, des ventes aux enchères et des commissaires priseurs londoniens ou new-yorkais. L’éventuel lecteur qui hésiterait à lire un « polar » traitant de l’art parce qu’il s’imaginerait que la rhétorique  serait trop lisse, inappropriée à ce genre littéraire, doit savoir qu’il n’y a pas de pratiques mondaines lorsque l’on veut se débarrasser d’un cadavre et surtout faire en sorte qu’il ne soit pas identifié. Pour preuve, cette courte scène :
- Jean-Claude repris le marteau dont il s’était servi pour assommer Karol et commença à fracasser le visage du peintre étendu nu par terre (…). Il était dégouté, le fit maladroitement, à contrecœur, tapa trop mollement.
- Vas-y frappe ! On ne va pas passer la nuit.
- Tiens, vas-y donc toi. Tu dois en avoir l’habitude, de défoncer les gueules des mecs. Quand tu ne les suces pas.
Jaja ne répondit pas. Elle prit le marteau et de façon systématique, appliquée, elle écrabouilla le nez, tapa de toute sa force sur les tempes, le front. Les yeux jaillirent de leur orbite. Le crâne était trop résistant. Jaja l’abandonna pour se concentrer sur le visage.
Convaincu ? « Le plan Q » de Djuro Luy publié dans cette nouvelle collection « Art Noir » des éditions Biro-Cohen ne dépare pas des grands classiques du polar. Il s’y inscrit même avec bonheur.




Enfin, attendez-vous à savoir que Sherlock Holmes est en France. Enfin, on reparle de lui dans l’hexagone. En effet, une sympathique maison d’éditions installée dans le département du Maine et Loire a eu la bonne idée de demander à Philippe Tomblaine, auteur d’une petite dizaine de livres, professeur documentaliste et pédagogue de la bande dessinée (oui, cela existe !), de nous livrer « un panorama non exhaustif des différents ouvrages de Bande Dessinée  parus aussi bien en langue anglaise qu’en langue française, tous essayant de solutionner cet unique problème : est-il finalement possible d’adapter Conan Doyle en Bande Dessinée ? »
La question posée trouve ses réponses dans les 215 pages de l’album –puisque cela en est un- de son auteur. Est-ce vraiment de la lecture ? Oui, bien sûr, et les textes, très agréables, participent beaucoup à comprendre pourquoi Philippe Tomblaine pose ainsi cette question. Mais ce livre, ce « Sherlock Holmes » est aussi, et peut-être avant tout, une très belle ballade parmi les reproductions, les extraits de BD, les iconographies et les photographies qui, évidemment, concernent toutes le roi des détectives anglais. Cette « Enquête dans le 9° art », sous-titre bien nommé de l’ouvrage, nous apprend moult choses sur la difficulté d’adapter, par le graphisme et les couleurs et dans un cadre de quelques centimètres, un personnage aussi complexe que Sherlock Holmes. Pourquoi ? Parce que « à suivre Holmes de case en case, et de prémonition déductives en flash-back explicatifs, le lecteur des aventures holmésiennes est essentiellement amené à poursuivre un ou plusieurs suspects sur un temps précis : celui de la résolution de l’énigme en cours (…) Une question de temps. Or, « en bande dessinée, le temps réel est distingué du temps narratif (…) un temps, plus ou moins long, sépare donc les différentes séquences (groupe de cases, strip, une ou plusieurs planche) contenues dans l’album. (…) Et ce n’est pas tout puisque, nous dit encore Philippe Tomblaine, « avec Sherlock Holmes, la dernière partie de l’aventure, non négligeable, est celle du temps de la compréhension : des témoins, des criminels, ou Holmes lui-même, expliquent l’enchaînement des faits dans une chronologie enfin reconstituée et rendue compréhensible ». Comment donc prendre en compte toutes ses données, ses charges faut-il dire, pour qu’un dessinateur et un scénariste puissent réussir une création ou une reprise adaptée des aventures de Holmes et ce, sans trahir l’esprit de Conan Doyle ? A ce sujet, les exemples fournis par Philippe Tomblaine sont nombreux, divers et précis et suffisent à nous convaincre, qu’en fin de compte Sherlock Holmes et son ami Watson peuvent, dans certaines conditions, être des héros récurrents de la bande dessinée. Et c’est tant mieux. Les références que nous donne l’auteur dans son album nous incitent, c’est certain, à courir vite chez notre libraire préférée pour découvrir, en BD, des aventures holmésiennes qu’à jamais nous aurions pu ignorer.

                                                                    ERIC YUNG.

dimanche 4 septembre 2011

"L'EXQUISE NOUVELLE" Ouvrage collectif. Ed. de la Madolière. Le 3 octobre prochain.

"L'EXQUISE NOUVELLE" est un polar, enfin une sorte d'OVNI littéraire venu de l'au-delà de l'imaginaire de quelques cinglés de polars. Leur idée : partir du principe de la rédaction classique d'une exquise nouvelle en demandant à des dizaines d'auteurs d'y contribuer via INTERNET. Une liste -restée très longtemps confidentielle- d'écrivains a d'abord été établie puis l'ordre de leur intervention a été décidée par les concepteurs de cette folie littéraire. Or, le premier d'entre eux à inventé un personnage peu banal : un tueur à l'andouillette ! Et allez, aux autres de se débrouiller avec ça. Impossible ? Non, une histoire s'est construite malgré tout. Le reste...  amour et  sexe, crimes, suspens, horreurs, fausses-pistes et héros déjantés pour une vérité qu'il ne nous faut surtout pas découvrir. En effet, l'humain est tellement décevant...
Du "virtuel" au "papier" : L'EXQUISE NOUVELLE EST A COMMANDER - dès le 3 octobre 2011- aux éditions de la Madolière. 

"ZINC DE LIVRES" à Vendôme (Loir et Cher) 6° édition. 10 et 11 Septembre 2011


Zinc de livres 2011, une 6e édition en noir et rose !
10 et 11 septembre 2011
LE MOT DU PRESIDENT D’HONNEUR DE LA 6° EDITION.
 -ERIC YUNG -
Quel bonheur, quelle satisfaction ! Pour sa 6e édition, le Zinc de livres de Vendôme a su garder son identité littéraire. C’est-à-dire que les membres de l’association Brouillons de lecture qui l’ordonnance et la gère ont, une fois encore, fait le choix d’inviter de vrais auteurs, des femmes et des hommes qui durant des semaines et souvent des mois ont, seuls, travaillé devant leurs pages pour construire un roman, un essai, des nouvelles ou des poèmes. Un choix que nous devons tous, lecteurs et écrivains, saluer tant il est, aujourd’hui, un acte de courage. En effet, les salons et festivals dits littéraires seraient en France – et c’est tant mieux – toujours plus nombreux [1]. Mais, – et ce n’est qu’en faire le constat – pour assurer le succès de ces évènements leurs organisateurs ont pour la plupart d’entre eux tendance, au fil des années, à y inviter de plus en plus des « signataires d’ouvrages » en tous genres. Ce sont, majoritairement, des gens du « showbiz » qui forts de leur notoriété médiatique et parfois, via l’univers des « people » attirent – c’est incontestable – la foule. Mais qui la compose ? Des personnes intéressées par le livre et la lecture ? Non ! Ce public se déplace avant tout pour voir, en chair et en os, telle ou telle « star » ou dernière vedette en vogue d’une série télévisée qui, le stylo-feutre à la main, assise derrière la pile de ses bouquins fraîchement imprimés sourit aimablement à son admirateur et client. Et vient alors (nous connaissons tous la scène) le moment ou le ou la groupie se place à côté de l’éphémère célébrité pour se faire emprisonner avec elle dans un boîtier photographique ou dans celui d’une caméra numérique. Faut-il s’en indigner ? Non. Faut-il s’en inquiéter ? Oui ! Cette déviance –puisque cela en est une – des salons et des festivals dits littéraires entraîne, de facto, un risque majeur : celui d’en écarter les lecteurs, le seul et vrai public qui aime et savoure la littérature et quel qu’en soit le genre sans oublier qu’elle privera, à coup sûr, les écrivains de rencontres toujours magnifiques avec celles et ceux qui leur font l’honneur de rêver dans un de leurs livres.
Le Zinc de livres de Vendôme s’honore pour la 6e fois, puisque la manifestation – et qu’on se le dise et répète – se veut être « la déclinaison malicieuse de notre amour de la lecture ». Et il y aura une 7e édition !
ERIC YUNG –

[1] La fédération Interrégionale des livres et de la lecture (F.I.L.L.) est un organisme qui a en 2008, réalisé une grande enquête dans les diverses régions de France concernant l’organisation des manifestations littéraires. Ainsi, la FILL estime qu’il y aurait dans chaque région de l’hexagone et en moyenne annuelle, de 22 à 95 salons et festivals consacrés aux livres. Quant à « Safêlivre » un guide rédigé par André Muriel (Editions L’Oie Plate) il en a répertorié – en 2007- sur le territoire national, 459 par an.