mardi 22 décembre 2009


CHRONIQUE - 



CROQUIS DE GUILLAUME APOLLINAIRE.

Paris a été son port d’attache. Sa vie a été bouleversée par les drames et les chagrins d’amour. Né à Rome en 1880 c’était un immigré du nom de Wilhem Albert Vladimir Apollinaris de Waz-Kostrowitcky. Il est mort à 38 ans. Poète et écrivain on a, un peu, oublié qu’il est le fondateur de la modernité littéraire et qu’il a été l’un des artistes les plus adulés de son temps. Aujourd’hui son nom est gravé au Panthéon sous le pseudonyme de Guillaume Apollinaire…
A l’évocation du nom « Apollinaire » on pense aussitôt à la poésie et à ces quatre vers :

« Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine »

     Si Guillaume Apollinaire est encore, aujourd’hui, si présent dans notre quotidien c’est qu’il a, durant sa courte existence, rédigé une œuvre considérable et qu’il a connu un grand succès populaire. Auteur d’une dizaine de recueils de poésie dont les célèbres « Alcool » et « Calligrammes » qui sont toujours étudié au lycée, il a aussi signé une douzaine de romans (dont « Les onze mille verges » un livre qui a fait scandale lors de sa publication, pourtant anonyme, en 1907). Il a également publié des chroniques savantes et fait éditer plusieurs de ses conférences, écrits des pièces de théâtre et même un scénario pour le cinéma. Et puis, on a l’a peut-être oublié mais Apollinaire est l’inspirateur des surréalistes. C’est lui, d’ailleurs, qui a inventé le vocable : « surréalisme ». Il est admiré, de son vivant, par Breton, Aragon et Soupault. Picasso, Derain, Poullain, de Vlaminck et le douanier Rousseau sont ses amis. Apollinaire est, sans aucun doute, le précurseur de la révolution littéraire de la première moitié du 20° siècle. Ainsi, pour Apollinaire, l’Art « doit exclure l’intervention de l’intelligence, c'est-à-dire de la philosophie et de la logique dans « ses » manifestations (…) puisque l’œuvre artistique est fausse en ceci, qu’elle n’imite pas, ajoute-t-il, la nature, mais qu’elle est douée d’une réalité propre, qui fait sa vérité ». Une pensée qui chamboule tous les académismes et qui sera reprise, plus tard, par André Malraux pour expliquer ce qu’est le cubisme. N’oublions pas que Guillaume Apollinaire a vécu à la fois l’émergence du cubisme mais aussi le futurisme italien et le dadaïsme.

Et puis, comme pour ajouter l’héroïsme à la popularité, Apollinaire a choisi, en 1915, de briser une histoire d’amour pour rejoindre volontairement le 38° régiment d’artillerie sur le front de Champagne. Transféré, à sa demande, au 96° régiment d’infanterie, il est, avec ses camarades, dans les tranchées. C’est le 17 mars 1916 qu’un éclat d’obus le blesse à la tête. Apollinaire évacué sur Paris est trépané, deux mois plus tard. En 1917, il publie ses « Calligrammes » un mot qu’il invente pour désigner ses poèmes dont la disposition graphique des mots forme un dessin. Ce sera l’apogée de son succès littéraire. Mais affaibli par sa blessure de guerre, Guillaume Apollinaire meurt de la grippe espagnole le 9 novembre 1918. Une pandémie qui a fait, souvenez-vous, entre 20 et 40 millions de morts dans le monde. Apollinaire est enterré au cimetière du Père Lachaise.
Eric Yung.