dimanche 27 décembre 2009

PROMENADE SUR LE BOULEVARD DU CRIME à PARIS ~~


CIRQUE OLYMPIQUE (Intérieur) du boulevard du Temple à Paris.




Quelques un d’entre nous ne manqueront sans doute pas d’être surpris : le « boulevard du crime" n’a jamais été celui que l'on a cru !  Si la rumeur et les « on-dit » ont fait du boulevard du crime un lieu épouvantable, un bout de quartier de la République où d’honnêtes gens se faisaient dépouillés et même trucidés à tout va, la réalité est toute autre. Le boulevard du crime, c'est-à-dire le boulevard du Temple situé à cheval sur le 3° et 11° arrondissement de Paris, était l’un des endroits les plus charmants de la capitale. Chaque soir et jusqu’à tard dans la nuit –et c’était donc il y a un peu plus d’un siècle- 20.000 personnes venaient s’y promener, chanter, rire et s’amuser. Bref le « boulevard du crime » était la kermesse permanente du plaisir. En effet, le boulevard du crime ne doit pas son nom à sa mauvaise réputation et il n’a jamais été le refuge des malfrats, apaches, arsouilles, canailles et fripouilles en tous genres. Non ! Le boulevard du crime doit son nom à son activité joyeuse et culturelle. Les théâtres y étaient très nombreux et l’on y présentaient des pièces écrites par d’illustres écrivains et jouées par de grands comédiens et comédiennes. Elles avaient toutes un point commun : c’étaient des pièces de théâtre de genre policier. Oui, vous avez bien entendu : les théâtres du boulevard du temple interprétaient des « polars » (si vous préférez) mis en scène et interprétés par les grands acteurs de l’époque. Ces théâtres (dont le théâtre Déjazet qui existe toujours) étaient plus de 25 concentrés en ce lieu. Et tous jouaient, jours et nuits, à guichets fermés. Le succès était si grand que les autorités publiques ont débaptisé le boulevard du Temple pour l’appeler, très officiellement, le boulevard du crime. Beaucoup de curieux des choses de l’histoire ont cru longtemps que cette appellation était la conséquence d’une tentative d’assassinat –perpétré contre Louis Philippe (c’était le 28 juillet 1835). Il n’en est rien. En réalité, la soi-disante mauvaise réputation du boulevard du temple est due au recensement aussi particulier qu’étonnant, établi par « l’Agenda des spectacles », un journal des années 60, 1860 évidemment. Ainsi, un de ses journalistes, un critique théâtral, s’était amusé à compter le nombre de meurtres qu’il y avait eu, depuis vingt ans, sur toutes les planches du boulevard du crime. Il avait compté que l’acteur Tautin avait été poignardé 16 302 fois, que le comédien Marti avait subi 11.000 empoisonnements, que son collègue Fresnoy avait été immolé 27.000 fois et que mademoiselle Adèle Dupuis, une vedette qui jouait les innocentes, avait été séduite, enlevée ou noyée 6.400 fois. En tout il avait répertorié 151.702 crimes sachant que les victimes ont toutes, et très longtemps, joui d’une excellente santé et de l’estime du public. Et pour cause ! Le boulevard du Temple a construit sa notoriété grâce à ses théâtres spécialisés dans les mélodrames terrifiants, sanglants et dans lesquels les orphelins étaient persécutés, les enfants volés et les bourgeois poignardés. Conséquence, le boulevard du crime était devenue la promenade publique la plus prisée de France. Le roi en avait même fait son lieu de parade. Le parisianisme de l'époque voulait que l’on s’y montre pour y chercher de la reconnaissance. Et puis il y a eu Eugène Haussmann.

C’était en 1862. Cette année là, tous les théâtres furent démolis sur son ordre. Les protestations, les manifestations de rues et les pétitions n’y ont rien fait. Alors, le 15 juillet -à minuit pile- les cloches de Paris ont sonné la fin du boulevard du crime. Cette nuit là, aux « Folies dramatiques » on a joué une dernière représentation, une pièce en 3 actes et 14 tableaux, un mélodrame fantastique titré « Les adieux du boulevard du Temple ».

Voilà, vous connaissez la vérité sur le boulevard du crime et lorsque vous promènerez sur le boulevard du Temple vous songerez peut-être à ces liesses d’antan qui ont fait les beaux jours de Panam’.
Eric Yung.

mardi 22 décembre 2009


CHRONIQUE - 



CROQUIS DE GUILLAUME APOLLINAIRE.

Paris a été son port d’attache. Sa vie a été bouleversée par les drames et les chagrins d’amour. Né à Rome en 1880 c’était un immigré du nom de Wilhem Albert Vladimir Apollinaris de Waz-Kostrowitcky. Il est mort à 38 ans. Poète et écrivain on a, un peu, oublié qu’il est le fondateur de la modernité littéraire et qu’il a été l’un des artistes les plus adulés de son temps. Aujourd’hui son nom est gravé au Panthéon sous le pseudonyme de Guillaume Apollinaire…
A l’évocation du nom « Apollinaire » on pense aussitôt à la poésie et à ces quatre vers :

« Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine »

     Si Guillaume Apollinaire est encore, aujourd’hui, si présent dans notre quotidien c’est qu’il a, durant sa courte existence, rédigé une œuvre considérable et qu’il a connu un grand succès populaire. Auteur d’une dizaine de recueils de poésie dont les célèbres « Alcool » et « Calligrammes » qui sont toujours étudié au lycée, il a aussi signé une douzaine de romans (dont « Les onze mille verges » un livre qui a fait scandale lors de sa publication, pourtant anonyme, en 1907). Il a également publié des chroniques savantes et fait éditer plusieurs de ses conférences, écrits des pièces de théâtre et même un scénario pour le cinéma. Et puis, on a l’a peut-être oublié mais Apollinaire est l’inspirateur des surréalistes. C’est lui, d’ailleurs, qui a inventé le vocable : « surréalisme ». Il est admiré, de son vivant, par Breton, Aragon et Soupault. Picasso, Derain, Poullain, de Vlaminck et le douanier Rousseau sont ses amis. Apollinaire est, sans aucun doute, le précurseur de la révolution littéraire de la première moitié du 20° siècle. Ainsi, pour Apollinaire, l’Art « doit exclure l’intervention de l’intelligence, c'est-à-dire de la philosophie et de la logique dans « ses » manifestations (…) puisque l’œuvre artistique est fausse en ceci, qu’elle n’imite pas, ajoute-t-il, la nature, mais qu’elle est douée d’une réalité propre, qui fait sa vérité ». Une pensée qui chamboule tous les académismes et qui sera reprise, plus tard, par André Malraux pour expliquer ce qu’est le cubisme. N’oublions pas que Guillaume Apollinaire a vécu à la fois l’émergence du cubisme mais aussi le futurisme italien et le dadaïsme.

Et puis, comme pour ajouter l’héroïsme à la popularité, Apollinaire a choisi, en 1915, de briser une histoire d’amour pour rejoindre volontairement le 38° régiment d’artillerie sur le front de Champagne. Transféré, à sa demande, au 96° régiment d’infanterie, il est, avec ses camarades, dans les tranchées. C’est le 17 mars 1916 qu’un éclat d’obus le blesse à la tête. Apollinaire évacué sur Paris est trépané, deux mois plus tard. En 1917, il publie ses « Calligrammes » un mot qu’il invente pour désigner ses poèmes dont la disposition graphique des mots forme un dessin. Ce sera l’apogée de son succès littéraire. Mais affaibli par sa blessure de guerre, Guillaume Apollinaire meurt de la grippe espagnole le 9 novembre 1918. Une pandémie qui a fait, souvenez-vous, entre 20 et 40 millions de morts dans le monde. Apollinaire est enterré au cimetière du Père Lachaise.
Eric Yung.

samedi 19 décembre 2009

Alain ROBBE-GRILLET

Alain Robbe-Grillet/ Chronique/ Yung





« L’écrivain doit accepter avec orgueil de porter sa propre date sachant, a écrit Alain Robbe-Grillet, qu’il n'y a pas de chef-d'oeuvre dans l'éternité, mais seulement des oeuvres dans l'histoire.» Cette phrase est tirée de son essai publié en 1963 (1). Robbe Grillet est mort dimanche dernier (21.02.09). Alors, c’est le moment de poser la question : que reste-t-il de l’œuvre d’Alain Robbe-Grillet ? Une vingtaine de romans et une petite dizaine de films ? Ce ne serait rien en effet si l’écrivain (et seulement l’écrivain) n’avait pas bouleversé l’académisme littéraire. C’est Alain Robbe-Grillet avec Nathalie Sarraute, qui, en quelques revers de mots ont balayé le style balzacien, c'est-à-dire la référence absolue en matière littéraire concernant la description narrative. Mais en reléguant d’un coup Balzac (et en le faisant savoir) dans l’armoire du passé, Robbe Grillet a exigé du roman qu’il soit « une remise en question permanente », un droit à une « perpétuelle renaissance » et, de facto, contester à un écrivain -et quelque soit son talent ou son génie- le droit « de régner sur sa création comme Dieu sur l’univers, éternellement ». Par ailleurs, le nouveau roman se veut, avant tout, être une recherche sans finalité, une exploration de l’inconscient dans laquelle les personnages et l’intrigue ne soient plus l’épicentre du récit mais qu’ils y soient dilués. Mise en valeur des objets, du temps, de la mémoire, de l’espace aussi et des obsessions de l’auteur c’est encore cela « le nouveau roman ». Et en effet, lorsqu’Alain Robbe-Grillet publie, en 1953 et 1955, ses deux ouvrages titrés « Les gommes » et « Le voyeur » il rejette la forme narrative traditionnelle qui fait du lecteur un « voyeur passif» de l’action romanesque. En revanche en renonçant à imposer une ambiance, en rompant avec la construction linéaire, en osant faire –en plein récit- des introspections ou des retours dans le temps, il laisse au lecteur une liberté d’exégèse et le rend donc actif dans l’interprétation du texte. Cette forme littéraire inconnue jusqu’aux années 50 perturbe tellement les défenseurs de la littérature académique qu’un journaliste du « Monde », Emile Henriot, se sent obliger de distinguer Nathalie Sarraute, Michel Butor, Simon, Robbe-Grillet et même Marguerite Duras des autres écrivains. Pour les réunir sous une même bannière il invente alors le terme « nouveau roman ».

Ne croyez pas que le « nouveau roman » a été reconnu dès sa naissance et qu’il a eu droit aux couronnes de lauriers. Non ! A l’époque, des critiques influents (dont Emile Henriot) se sont offusqués et ont dénoncé la transgression des règles romanesques. Ces aristarques ont été si violents que « La jalousie » une œuvre de Robbe-Grillet publiée en 1957 ne s’est vendue qu’à 746 exemplaires. A peine né le nouveau roman était donc mort. Beaucoup l’on cru. Mais il y a eu l’inattendu : le nouveau roman a pris ses lettres de noblesse aux Etats-Unis. Sans vouloir négliger les soutiens, (et ce, contre vents et marées) de Jean Paulhan, Maurice Blanchot, Georges Lambrichs et Roland Barthes, il faut bien admettre que se sont surtout des intellectuels américains qui ont porté le nouveau roman jusqu’au Panthéon des lettres françaises. Ainsi, Alain Robbe-Grillet a été–il l’est encore aujourd’hui – l’un des écrivains français le plus étudié dans les universités d’Outre-atlantique.



Alain Robbe-Grillet, académicien depuis 2004 mais qui, pareil à une dernière provocation, ne s’est jamais rendu sous la coupole parce qu’il ne supportait pas de porter l’habit vert, est mort dimanche dernier. Il avait 85 ans.

Il n’y aurait donc pas « de chef-d’œuvre dans l'éternité, mais seulement des œuvres dans l'histoire ». Certes ! Alors comment savoir ce qu’il restera des œuvres de Robbe-Grillet ?





Eric Yung.



(1) Pour un nouveau roman. 1963.

Francis CARCO, l'écrivain des minorités, des putains et des mauvais garçons.

FRANCIS CARCO/ CHRONIQUE ERIC YUNG


Né le 3 juillet 1886 et mort le 26 mai 1958.


Nous sommes le 26 mai 1958. Cette scène a eu lieu, réellement : imaginons-là ensemble.
Depuis la fin de l’après-midi, la Garde Républicaine défile et les sabots des chevaux cognent, en désordre, les pavés de Paris. Le cortège se meut maintenant dans l’Ile Saint Louis, emprunte le quai de Béthune et passe devant l’immeuble situé au numéro l8. Les cavaliers soufflent dans les clairons et les trompettes, battent la peau des tambours. La musique militaire monte dans l’air et, par une fenêtre grande ouverte, entre dans la chambre de François Carcopino-Tusoli. François Carcopino-Tusoli est allongé sur son lit. Il agonise. Mais au passage de la Garde il ouvre les yeux ; il reconnaît l’air de l’Ajaccienne, un air à la mode chanté par Tino Rossi et adapté pour la fanfare. Les cavaliers s’éloignent déjà et à peine ont-ils franchi le pont de Sully que François Carcopino-Tusoli rend son dernier souffle. Un grand écrivain vient de mourir au son de la musique de la Garde Républicaine. En effet, c’est le 26 mai 1958 que François Carcopino-Tusoli plus connu sous le pseudonyme de Francis Carco est mort.

Ce romancier, essayiste, poète et journaliste a, il nous faut le reconnaître, disparu (un peu ?) de notre mémoire. Un oubli qui apparaît comme une faute de goût collective tant Francis Carco a laissé une œuvre littéraire importante certes, mais surtout unique en son genre. Il faut dire que beaucoup de ses livres (il en a écrit plus d’une centaine) traitent des minorités, des prostitués et des mauvais garçons. Une source d’inspiration qui aurait été puisée – c’est en tous cas la version de nombreux historiens- à la source de son enfance. Pourquoi ? Parce que Francis Carco fils d’un inspecteur des domaines de l’Etat, fonctionnaire installé de longues années en Nouvelle-Calédonie, a vu –plusieurs fois par jour- passer sous les fenêtres de la maison familiale des milliers et des milliers de bagnards enchaînés, fouettés, maltraités. Par ailleurs, le père de Francis Carco était lui-même un homme violent ce qui aurait conduit, très tôt, l’auteur de « L’homme traqué » à se réfugier dans le roman et la poésie. Ceux et celles qui aiment les livres qui aspirent à un ailleurs fait de « rues obscures, de bars, de ports retentissant des appels des sirènes, des navires en partance et des feux dans la nuit » doivent lire vite Francis Carco. Il est toujours difficile de conseiller une lecture particulière mais j’ose pourtant –si vous ne connaissez pas du tout Carco- vous recommander de le découvrir par « Jésus la Caille » écrit en 1914, « L’homme traqué » bien sûr, roman qui a obtenu en 1922 le grand prix de l’Académie Française ou encore « La petite suite sentimentale » paru en 1936. Pour cerner un peu mieux l’esprit de Francis Carco et tenter d’approcher au plus près son art reprenons le court portrait de Roland Dorgelès. Il a dit de Carco : il est « prisonnier comme (les bagnards de Nouméa), mais prisonnier de lui-même, il n’a jamais pu s’évader. C’est toujours ainsi qu’il a vu le monde, observé les êtres, dans une brume de mélancolie que nul rayon de joie ne parvenait à percer ».

Francis Carco, qui a été l’ami de Colette, de Paul Bourget, d’Apollinaire, de Max Jacob, d’Utrillo et Modigliani, n’a pas été seulement un écrivain et poète célèbres. Il a écrit aussi de nombreuses chansons à succès, en particulier pour Fréhel et Marie Dubas. Edith Piaf quant à elle a immortalisé les paroles : « L’orgue des amoureux ».
Disparu à l’âge de 62 ans, le 26 mai 1958, François Carcopino-Tusoli dit Francis Carco est inhumé au cimetière parisien de Bagneux.


Eric Yung.

lundi 19 octobre 2009

LES MYSTERES DE PARIS d'Eugène SUE.

Dimanche 18 janvier 2009 Direct.

Chronique : Les succès d’autrefois.


LES MYSTERES DE PARIS d’Eugène Sue.





Un roman a, autrefois, connu un succès si important que l’on a du mal, aujourd’hui, à imaginer qu’un livre, un simple livre, puisse déclencher autant de passions populaires… Il s'agit des "Mystères de Paris" d'Eugène Sue.

En effet, Eugène Sue est l’un des écrivains –et peut-être même l’écrivain – qui a connu le plus de succès au milieu du 19° siècle. Un succès si immense qu’il rendrait jaloux quelques uns de nos plumitifs contemporains dont la notoriété se mesure, non pas par la qualité de leur œuvre, mais par le nombre de passages à la télévision.
« LES MYSTERES DE PARIS » par les simples histoires qu’ils racontent et publiées d’abord (en 1842 et 1843) sous forme de feuilleton dans le « Journal des débats » puis édité chez Gosselin en 10 volumes a connu un tel succès immédiat et quasi-universel, « que même les gens qui ne savaient pas lire, a écrit Théophile Gauthier, se les faisaient réciter par quelque portier érudit et de bonne volonté ». A l’époque, devant l’enthousiasme populaire pour cette série de romans qui a confiné au phénomène de société, on a même dit … et écrit que « des malades ont attendu, pour mourir, la fin des « Mystères de Paris ».

On ne mesure sûrement pas aujourd’hui l’engouement du public pour cette œuvre. "Les Mystères Paris" ont fait explosé les ventes du quotidien à tel point que les tirages n’ont jamais été suffisants et que les lecteurs se sont mis à louer, à la demi-heure, le Journal pour suivre les aventures de Rodolphe, de Fleur de Marie, de Rigolette, de la Chouette, du Chourineur, de Tortillard et des quelques autres héros de cette série romanesque sans oublier de citer, monsieur et madame Pipelet, un couple, gardien d’immeuble, qui donnera le vocable « pipelette » pour désigner plus tard les concierges de Paris.

Les « Mystères de Paris » d’Eugène Sue ont inspiré des dizaines d’autres romans tels que les « Mystères de Marseille » d’Emile Zola, « Les Mystères de Londres » de Paul Féval et par ailleurs auteur du Bossu, ou encore les « Mystères de Munich » ou les « Nouveaux mystères de Paris » de Léo Malet. Et c’est aussi, et encore suis-je tenté de dire, les « Mystères de Paris » qui inaugureront, plus tard, la naissance du feuilleton radiophonique.
Par ailleurs, beaucoup d'historiens en sont d’accord : ce sont les Mystères de Paris qui par l’impact qu’ils ont eu sur la population ont créé le climat favorable à la Révolution de l848.
Enfin, la renommée de cette série romanesque a été si importante qu’elle est devenue internationale. D’ailleurs, perçu par le pouvoir de l’époque, comme une vive critique sociale Eugène Sue, bien qu’élu député, a été exilé.
Enfin -et pour l'anecdote - « Les Mystères de Paris » ont fait l’objet d’une critique journalistique signé d’un personnage qui allait s’installer dans la mémoire universelle… puisque cette critique a été signée par un certain… … Karl Marx !

Alors, si voulez vivre et partagez les aventures rapportées par Eugène Sue dans ses « Mystères de Paris » courrez, courrez vite chez votre libraire préféré. Les Mystères de Paris sont toujours édités aujourd’hui.

Eric Yung.

samedi 10 octobre 2009

OCTAVE MIRBEAU – CRHONIQUE – YUNG




- Octave Mirbeau a été l’un des auteurs les plus populaires du 19° siècle. Si l’on connaît bien « Le journal d’une femme de chambre » l’un de ses livres adapté par Buñuel au cinéma on ignore beaucoup de son œuvre et de sa vie.



Octave Mirbeau ? C’est le peuple français - au sens où cette expression avait au 19° siècle un sens - qui l’a aimé et adulé et qui lui a offert le succès et la gloire. En revanche, ce que l’on a osé appeler l’intelligentsia de l’époque c'est-à-dire –selon Pierre Michel, universitaire et président–fondateur de la société Octave Mirbeau - « les spéculateurs et affairistes, les pirates de la bourse, les requins de l’industrie, les monstres moraux (…), les pétrisseurs d’âmes (…) et les rastaquouères des arts et des lettres » l’ont détesté. Et pour cause : Octave Mirbeau a, dans toute son œuvre, mis au pilori de l’infamie toutes les formes de « l’exploitation de l’homme par l’homme » (une locution, précisons-le en passant, qui est de Théodore Six et non pas comme on le croit souvent de Karl Marx) oui, disais-je, combattre « l’exploitation de l’homme par l’homme » « pour, a écrit Emile Zola, "donner son cœur aux misérables et aux souffrants de ce monde ».Tout au long de sa vie, Octave Mirbeau, a trempé sa plume dans l’encre de la révolte avec l’espoir que la littérature « abrutie par la fausse poésie du panthéisme idiot et barbare » se débarrasse –au bénéfice du peuple- de « ces stupides sentiments (…) conventionnels » de « ses erreurs métaphysiques » et que l’écrivain devienne un « prolétaire des lettres » pour s’engager « dans les combats de son temps ». Des idées partagées alors par le grand public. En effet, il faut savoir que certains de ses romans se sont vendus à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires ce qui a été, au temps de leurs publications, un phénomène d’édition. Qu’au moins deux de ses pièces de théâtre ont remporté de grand succès. « Les mauvais bergers » par exemple (dont les rôles principaux ont été interprétés par Sarah Bernhard et Lucien Guitry) a rempli les salles durant des semaines et « Les affaires sont les affaires » (jouée en 1903) a connu un triomphe mondial.

Et puis, Octave Mirbeau s’est plu à pourfendre l’art académique. Il a dénoncé aussi les réseaux de salon, s’est lancé dans la bataille des dreyfusards, a défendu et fait connaître des écrivains novateurs tel que Maurice Maeterlinck, Rémy de Gourmont, Jules Renard, Léon Bloy, a soutenu Paul Léautaud et Alfred Jarry et a admiré les écrivains russes. De quoi rendre fou les valets de la société conformiste et des biens pensants. Alors, on a voulu en finir avec Octave Mirbeau, cet écrivain qualifié –dans un rapport de police daté de 1891- de mal-pensant et de provocateur bref, en un mot, « d’anarchiste ». C’est vrai, Octave Mirbeau a attisé les haines des classes dirigeantes de l’époque et leur aversion vis-à-vis de l’écrivain a été si grande qu’il a même été victime d’un complot monté par ses détracteurs. En effet, sitôt après sa mort et avec la complicité de son ex-épouse, ils ont publié un faux testament intellectuel. Une action dont le but avoué a été de salir durablement la mémoire d’Octave Mirbeau.
Ses livres devaient donc se faire rares dans les bibliothèques et son nom expédié, à jamais, dans l’armoire de l’oubli. Beaucoup l’ont cru. Mais en 1970 un éditeur (Hubert Juin) décide de republier ses romans. C’est le début de sa réhabilitation. En1980 ce sont les premières recherches universitaires en France. Enfin, sous la houlette de l’érudit et passionné Pierre Michel c’est, en 1990, la parution de la première biographie d’Octave Mirbeau. Depuis, c’est la résurrection : de colloques internationaux en conférences, de débats en lectures publiques, l’œuvre d’Octave Mirbeau a repris sa juste place au Panthéon de la littérature universelle.

Si vous ne connaissez pas encore Octave Mirbeau permettez-moi de vous conseiller, pour commencer, « Le journal d’une femme de chambre », « Le jardin des supplices » ou « Un gentilhomme ». Des livres que l'on trouve facilement dans les "vraies" librairies.
Eric Yung.

lundi 20 juillet 2009


Louis Nucera –
Chronique


Celles et ceux qui reliront (peut-être) Louis Nucera (comme je l’ai fait cet été) auront du vrai et pur bonheur de lecture. Les livres de Louis Nucera ont en commun ce goût suave des fictions dont l’épicentre du sujet est consacré à l’Etre qui se tient debout dans un environnement toujours ensoleillé. Qu’il soit passant, frère ou ami, Louis Nucera les a peints avec des mots de couleurs, il nous en a parlé dans un style qui n’est que le sien, c'est-à-dire avec cet art de la phrase dépouillée, des mots simples et justes. Quel écrivain n’aurait pas aimé écrire cette phrase tiré d’un de ses romans dédié à Suzanne, sa femme : « il se caressait les yeux à la regarder » ? Aucun. Pour dire encore la beauté du style de Nucera référons-nous a François Bott qui, dans une sorte d’hommage à l’auteur du « Chemin de la lanterne » -prix Interallié 1981) et rédigé pour un magazine littéraire a écrit : il est « cet écrivain très classique qui savait organiser le complot de la grammaire et de l’émotion ». Louis Nucera était aussi un maître dans l’art du portrait. En effet, comment ne pas être ému par cette phrase tirée de « Mes ports d’attache » un livre consacré à ses amis disparus et qui, au sujet de Joseph Kessel, disait : « le visage de Kessel interprétait les mouvements de son cœur, comme le ciel et la mer dessinent les frasques du temps ». Nucera qui se plaisait à dénoncer, sans cesse, tout comme Joseph Kessel « la foire des vanités » avaient avec lui pour points communs - et je cite-: « d’aimer le spectacle de la vie, l’extravagance humaine sans nous s’en lasser, les repas entre amis (…) et l’humilité ». Il aimait répéter que les écrivains « étaient les envoyés de la beauté sur terre ». Il aimait si fort la littérature qu’il regrettait publiquement, une pointe de colère dans la voix, que les « discours d’un rocker ou d’un animateur de la télévision revêtent, aujourd’hui, plus d’importance que les propos des écrivains ».
Un constat, puisque cela en est un, qu’il partageait avec ses amis les plus proches : Kessel bien sûr, mais aussi Brassens, Cocteau, Blondin, Moretti, Lino Ventura, Henry Miller et Kundera dont la passion de la bicyclette les avait sans cesse rapprochée. Chers amis de France Bleu qui ne vous souvenez plus ou –heureux lecteurs de demain!- qui ne connaissait pas encore les livres de Louis Nucera, ne seriez-vous pas sensible à cet écrivain, à cet « homme guidé par le souci d’admirer, le désir de rendre justice à la beauté des choses et qui appréciait la politesse du désespoir, la peinture des états d’âme, le tango, l’alchimie des sentiments, le l8° arrondissement, les vieux quartiers niçois, (…) et les instituteurs qui transmettent à leurs élèves du fond de la classe, près du radiateur, le goût de la lecture » comme l’a encore écrit François Bott ? Si, bien sûr ! Alors, je me permets de vous conseiller quelques titres de Louis Nucera. Procurez-vous, par exemple, le « Chemin de la lanterne, « La chanson de Maria », « Le ruban rouge » ou si vous aimez particulièrement les promenades et rencontres littéraires « Mes ports d’attache ».
Louis Nucera est mort sur sa bicyclette. Il a été tué par un automobiliste le 9 août 2000 sur la commune de Carros, près de Nice.

Eric Yung.

dimanche 3 mai 2009

Georges DARIEN le "cambrioleur de la vérité".


Nombreux, parmi les passionnés de lecture, ceux qui mettent Georges Darien, écrivain assis à califourchon entre le 19° et le 20° siècle, au cénacle de la littérature contestataire française ; il a toujours été, de son vivant et même après sa mort, chahuté entre le succès et l’oubli. Ainsi, en 1889, lorsqu’il fait paraître « Bas les cœurs ! » un premier roman qui dénonce « l’apprentissage de la peur du conformisme » parmi les nouveaux riches et les parvenus, le livre connaît un vif succès mais il fait scandale. Il disparaît alors de l’échoppe des libraires. A l’époque de cette parution, Georges Darien effectue son service militaire.

Traduit devant le conseil de guerre pour insubordination il est envoyé en Tunisie dans un régiment disciplinaire. Une expérience douloureuse dont il tirera l’histoire de « Biribi, discipline militaire » un roman pamphlétaire qui lui vaudra les foudres de l’armée et de la police. Georges Darien est obligé de fuir la France. Il se réfugie en Angleterre. C’est au pays de la perfide Albion qu’il écrit, sur les bords de la Tamise, « Le voleur ». Ce roman paraît en 1897 et deviendra fameux mais il sera occulté par la critique tant la description qu’il fait des classes sociales dominantes, installées dans l’opulence au détriment des pauvres, est un livre dérangeant. Alfred Jarry et Alphonse Allais font connaître leur admiration pour Georges Darien. André Breton écrit que l’œuvre de Darien « est le plus rigoureux assaut qu’il connaît contre l’hypocrisie, l’imposture, la sottise et la lâcheté ». Ces soutiens ne suffiront pas. « Le voleur » sera ignoré par la plupart des libraires et caché au grand public. Ce n’est qu’en l955, (c'est-à-dire 58 ans après sa première parution) lorsqu’un éditeur érudit décide de le réimprimer que ce roman va connaître un immense succès et assurera la postérité de son auteur. Dès lors, Georges Darien est un écrivain reconnu. Pourtant, aujourd’hui, ses pièces de théâtre, ses chroniques et ses romans sont à nouveau oubliés. C’est dommage ! Mais tout n’est pas perdu. En effet, notre époque dont on dit volontiers qu’elle est lisse, sans passions, conformiste et qu’elle conduit les dernières grandes idées à vau-l’eau, pourrait être propice à redécouvrir Georges Darien. Lire « Le voleur » par exemple, s’est se débarrasser des préjugés, des apriorismes, c’est accepter d’être happé par des réflexions que –hors la lecture- nous nous interdirions et dont nous nous refuserions d’en reconnaître le bien-fondé. Après tout, comme l’a écrit Georges Darien « Dans une société de brigands et de menteurs, la littérature est le seul moyen de cambrioler la vérité ». C’est cette forme de vérité que je vous propose de lire ou relire. Si vous ne le connaissez pas, découvrez Georges Darien ! La liberté de ses textes vous rendra heureux. Par ailleurs, l’acte de lecture sera une façon de sceller le destin de Darien selon lequel cet écrivain hors-normes et qualifié autrefois « d’irrégulier » passe, sans cesse, de l’oubli à la célébrité. Question d’époque ! Or, c’est peut-être le bon moment pour que les romans de Georges Darien (dont « Le voleur ») soient appréciés à leur vraie valeur : libre et passionnant.

« Le voleur » de Georges Darien est aujourd’hui publié en livre de poche dans la collection Folio. C’est chez Gallimard


Eric Yung.

mercredi 8 avril 2009

JULIEN GRACQ, LE DISCRET.


Julien Gracq – Portrait.






Parmi ce qu’il est convenu d’appeler les grands écrivains il en est un qui nous a quitté discrètement la semaine dernière : c’est Julien Gracq. Auteur discret, cet écrivain, décédé le 22 décembre 2007 était l’homme d’une autre génération littéraire. Refusant les honneurs, se tenant loin des caméras de la télévision, il regardait –sans le comprendre peut-être ? - son temps avec étonnement. Ainsi, le témoignage de son médecin qui, au cours d'une de leur dernière conversation a évoqué son rapport à l’écriture : « Je le voyais, comme tous mes patients, chez lui ou à mon cabinet. (…) Il était angoissé, par exemple, de voir que le travail d’une vie d’écrivain peut être contenu sur un CD. Il me disait : vous vous rendez compte, toute l’œuvre de Balzac tient sur un demi CD ». C’est dire si Julien Gracq (de son vrai nom Louis Poirier) avait sacralisé le métier des lettres. Une nouvelle, un roman ou un poème ne pouvait pas être un « produit » consommable. C’était, obligatoirement, une œuvre qu’il fallait, lentement, consulté.

Si la notoriété de Julien Gracq est quasi-universelle, s’il est aujourd’hui inscrit dans les programmes universitaires pour y être étudié, ses livres n’ont jamais connu de grands tirages, hormis « Le rivage des Syrtes » qui obtiendra, en 1951, le prix Goncourt. Un prix que Julien Gracq a d’ailleurs dédaigné. Enfin, il est amusant de remarquer que son premier manuscrit « Au château d’Argol » a été refusé par Gallimard et que, quelques années plus tard, c’est pourtant Gallimard qui a publié, de son vivant -et la chose est rare pour être soulignée- son œuvre complète dans la prestigieuse collection « La Pléiade ». Des contradictions littéraires qui peuvent laisser croire que les romans de Julien Gracq sont contreversés et plus ou moins accessibles aux communs des mortels. Il n’en est rien. Bien au contraire. « Les livres de Julien Gracq sont des livres de chevet que l’on peut relire sans cesse en les ouvrant au hasard. "Je sais d’expérience que dans des périodes de tristesse et de solitude la lecture de Gracq apporte un réconfort, un apaisement et une exaltation » a écrit Patrick Modiano.

Vous qui allez peut-être vouloir découvrir les romans de Julien Gracq je me permets de vous conseiller –et le risque est grand de le faire ! – les « Eaux étroites ». Un roman dont voici les premières phrases. Elles résument, me semble-t-il, l’esprit de toute l’œuvre de Gracq :
« Pourquoi ce sentiment s’est-il ancré en moi de bonne heure que, si le voyage seul –le voyage sans idée de retour- ouvre pour nous les portes et peut changer vraiment notre vie, un sortilège plus caché, qui s’apparente au maniement de la baguette du sourcier, se lie à la promenade entre toutes préférée, à l’excursion sans aventure et sans imprévu qui nous ramène en quelques heures à notre point d’attache, à la clôture de la maison familière ? ».

Julien Gracq est mort samedi 22 décembre 2007. Il avait 97 ans.


Eric Yung.

jeudi 12 mars 2009

AIME CESAIRE /




Chronique Eric Yung~~





Comment rester silencieux sur un homme d'une très grande qualité ? Comment pourrait-on, aujourd'hui, ignorer l’écrivain, le poète, l’essayiste et le « politique » Aimé Césaire ? Si presque tout le monde connaît l’itinéraire exceptionnel de Aimé Césaire, ce Martiniquais né au sein d’une famille modeste de sept enfants le 26 juin 1913 à Basse-Pointe, il faut peut-être -pour les plus jeunes d’entre nous - rappeler qui il est et surtout parler de son oeuvre.

L’œuvre de Césaire –et c’est qui en fait son originalité- est faites de philosophie et d’humanisme, de combats politiques et d’espérance, d’esthétisme et de création, de recherches et d’acquis, de connaissances et d'une farouche volonté de transmettre le savoir, d’actes de courage et de rébellion. Un tout soumis à sa propre critique et harmonieusement mis en forme. L'oeuvre d’ Aimé Césaire n’est pas la résultante d’une simple et ordinaire -sommes-nous tenté de dire- construction artistique. Non ! Chez Aimé Césaire, la construction artistique est devenue une œuvre parcequ'elle s'est nourrie de multiples disciplines intellectuelles et qu'elle s’est inscrite en cohérence avec l’action pour devenir une « pensée » ; une pensée élevée ici, chez Césaire, au rang d’universalisme.
Enfant et sitôt finie l'école primaire il bénéficie d’une bourse pour entrer en classe d’hypokhâgne au lycée Louis le Grand à Paris. Dès son premier jour de scolarité il rencontre Léopold Sédar Senghor avec qui il noue une amitié qui durera toujours. Il réussit le concours d’entrée de l’Ecole normale supérieure, sera agrégé de lettres et après avoir enseigné en Martinique il est l'élu de Fort de France et deviendra député communiste. Soulignons ici que cet homme de principe est l’un des très rares hommes politiques à dénoncer l’invasion de Budapest par les chars soviétiques. D'ailleurs, c'est à cette époque qu’il démissionne du Parti communiste français. C’était donc en 1956. Pour la petite histoire rendons à Césaire ce qui appartient à Césaire : c'est lui l'homme de la "départementalisation". En effet, la est un néologisme forgé, dès 1946, par Aimé Césaire. Par « départementalisation » le brillantissime Césaire a voulu remplacer le mot « assimilation », un mot ambigu - reconnaissons-le - lorsqu’il s’agissait de définir le désir des colons d’autrefois de voir les noirs antillais renier leur culture pour s’intégrer dans celle, historique, de la France. De même, c’est Aimé Césaire qui a inventé le concept de « négritude ». Une revendication culturelle ayant pour but de réfuter, à jamais, le racisme issu de l’idéologie colonialiste et ainsi revendiquer les racines africaines des antillais.
La « négritude » est devenue, avec le temps, une école de poésie dans laquelle se sont retrouvés les plus grands auteurs contemporains. C’est d’ailleurs grâce à la
« négritude » que Césaire a été reconnu et aimé des surréalistes, qu’il a été admiré de Jean-Paul Sartre qui lui a préfacé son « Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache ».
L’œuvre littéraire d’Aimé Césaire ne comptent pas moins d’une dizaine de volumes de poésie, d’au moins quatre pièces de théâtre, de plusieurs essais et d’un livre d’histoire. Le poète Césaire est reconnu internationalement, une partie de son œuvre est enseigné aux élèves du monde entier, il a été l’ami de tous et respecté par les plus grands de ce monde. Enfin, pour dire sa tolérance et sa lucidité intellectuelle citons, pour terminer cette chronique, cette phrase (elle est tirée d’ « Une saison au Congo », c’est paru au Seuil) : « Le crayon de Dieu lui-même n’est pas sans gomme ».

Aimé Césaire est mort à l’âge de 94 ans.

Eric YUNG