jeudi 15 avril 2010

FRANCOIS MAURIAC ET LA MAISON DE VEMARS.

UN LIEU UN ECRIVAIN : François Mauriac à Vémars (Val d’Oise).




L’été frappe à notre porte, profitons-en pour faire une ballade littéraire. Partons à la rencontre d’un écrivain dont le grand talent semble avoir été parfois raillé par quelques intellectuels  parce qu'il a incarné (avec quelques complexes d’ailleurs) la bourgeoisie française de son époque. Ah, les « aprioris » et le conformisme ! Mais c’est un autre débat que l’on abordera, un jour prochain, sur ce blog.

Dans l’immédiat, promenons-nous et poussons nos pas derrière ceux de François Mauriac et pour une fois, loin de Malagar. En effet, si la vie et l’œuvre de notre prix Nobel de littérature sont quasi-associés à son domaine de Gironde, la propriété familiale dressée non loin de Saint Macaire, il y a aussi son habitation située dans le Val d’Oise : le château de la Motte appelé aussi « la maison de Vémars ». Un lieu imprégné du travail de l’écrivain mais qu’on a pourtant un peu négligé au point, qu’au fil du temps il a été (enfin, cela est un sentiment) presque oublié au seul profit de Malagar. Or, l’âme de la maison de Vémars est fort présente dans certains ouvrages de Mauriac. Il y a quelques années, elle est devenue la mairie du village, mais son deuxième étage a été aménagé en musée. Proche de Montmorency et de Gonesse, cette demeure (qui a appartenue à sa femme) s’est incrustée peu à peu, au gré des événements historiques et de son parcours littéraire, dans l’existence toute entière du romancier et a fini par s’y confondre. Ainsi, l’auteur de « Thérèse Desqueyroux y a séjourné régulièrement dès 1913. Plus tard, c'est-à-dire dès 1940, la demeure est devenue la base clandestine d’un groupe de la résistance chargé de la propagande contre le III° Reich. Un engagement qui a conduit les allemands à surveiller de près la maison de Vémars et son occupant. C’est à Vémars que François Mauriac a rédigé et publié, sous le pseudonyme de Forez, son « Cahier noir », un essai sans concession contre la France collaboratrice dans lequel on peut lire : « À l’heure où j’écris (novembre 1941), tant d’autres Français sont mus par une passion élémentaire : la peur ! Ils ne l’avouent pas (…) mais dans le secret tout pour eux se ramène à l’unique nécessaire : sauver leurs privilèges...»
C’est encore dans la maison de Vémars qu’il a connu un événement inoubliable. C’était le 25 août 1944. C’était la libération de Paris. Ce jour-là, l’éditorial qu’il vient d’écrire dans le Figaro est lu à la radio. Mauriac, surpris, s’immobilise dans le salon et reste debout devant le poste de TSF. Il écoute. Un souvenir évoqué dans l’un de ses livres :

- « (…) Une voix pleine de larmes lisait cette page à la radio dans le bruit des cloches de Paris. Et tandis que j’écoutais, que je m’écoutais moi-même, les allemands en déroute (…) envahissaient le jardin, pénétraient dans ma maison ». Plus tard, on a su que Mauriac, après avoir entendu, jusqu'au dernier mot, la lecture de son éditorial  a eu juste le temps de fuir pour ne pas être arrêté et fusillé.

La paix retrouvée François Mauriac a ensuite partagé son temps entre le domaine de Malagar, son domicile parisien situé rue Théophile Gauthier et la maison de Vémars. En 1951, il a écrit dans ses mémoires : « je ne peux plus supporter l’été, l’abominable climat girondin. Le jardin de Vémars est une merveille de fraîcheur, de paix et de solitude ». Dès lors, le grand écrivain s’installe définitivement à Vémars. Mort en 1970, il y est enterré.
Avant de disparaître, François Mauriac, pareille à une négligence qui servirait sa postérité, avait laissé dans sa maison de Vémars  son chapeau de paille, sa machine à écrire Remington et quelques milliers de livres.  Dans le jardin les arbres qu'il a planté sont devenus grands. 

Pour visiter gratuitement la demeure de François Mauriac à Vémars, il vous suffit de prendre contact avec la maison départementale du tourisme : c’est au 01 34 71 90 00. Un numéro de téléphone et des références que vous pouvez retrouver sur le site de la commune de Vémars : www.mairie-vemars.fr
E.Y

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