samedi 10 octobre 2009

OCTAVE MIRBEAU – CRHONIQUE – YUNG




- Octave Mirbeau a été l’un des auteurs les plus populaires du 19° siècle. Si l’on connaît bien « Le journal d’une femme de chambre » l’un de ses livres adapté par Buñuel au cinéma on ignore beaucoup de son œuvre et de sa vie.



Octave Mirbeau ? C’est le peuple français - au sens où cette expression avait au 19° siècle un sens - qui l’a aimé et adulé et qui lui a offert le succès et la gloire. En revanche, ce que l’on a osé appeler l’intelligentsia de l’époque c'est-à-dire –selon Pierre Michel, universitaire et président–fondateur de la société Octave Mirbeau - « les spéculateurs et affairistes, les pirates de la bourse, les requins de l’industrie, les monstres moraux (…), les pétrisseurs d’âmes (…) et les rastaquouères des arts et des lettres » l’ont détesté. Et pour cause : Octave Mirbeau a, dans toute son œuvre, mis au pilori de l’infamie toutes les formes de « l’exploitation de l’homme par l’homme » (une locution, précisons-le en passant, qui est de Théodore Six et non pas comme on le croit souvent de Karl Marx) oui, disais-je, combattre « l’exploitation de l’homme par l’homme » « pour, a écrit Emile Zola, "donner son cœur aux misérables et aux souffrants de ce monde ».Tout au long de sa vie, Octave Mirbeau, a trempé sa plume dans l’encre de la révolte avec l’espoir que la littérature « abrutie par la fausse poésie du panthéisme idiot et barbare » se débarrasse –au bénéfice du peuple- de « ces stupides sentiments (…) conventionnels » de « ses erreurs métaphysiques » et que l’écrivain devienne un « prolétaire des lettres » pour s’engager « dans les combats de son temps ». Des idées partagées alors par le grand public. En effet, il faut savoir que certains de ses romans se sont vendus à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires ce qui a été, au temps de leurs publications, un phénomène d’édition. Qu’au moins deux de ses pièces de théâtre ont remporté de grand succès. « Les mauvais bergers » par exemple (dont les rôles principaux ont été interprétés par Sarah Bernhard et Lucien Guitry) a rempli les salles durant des semaines et « Les affaires sont les affaires » (jouée en 1903) a connu un triomphe mondial.

Et puis, Octave Mirbeau s’est plu à pourfendre l’art académique. Il a dénoncé aussi les réseaux de salon, s’est lancé dans la bataille des dreyfusards, a défendu et fait connaître des écrivains novateurs tel que Maurice Maeterlinck, Rémy de Gourmont, Jules Renard, Léon Bloy, a soutenu Paul Léautaud et Alfred Jarry et a admiré les écrivains russes. De quoi rendre fou les valets de la société conformiste et des biens pensants. Alors, on a voulu en finir avec Octave Mirbeau, cet écrivain qualifié –dans un rapport de police daté de 1891- de mal-pensant et de provocateur bref, en un mot, « d’anarchiste ». C’est vrai, Octave Mirbeau a attisé les haines des classes dirigeantes de l’époque et leur aversion vis-à-vis de l’écrivain a été si grande qu’il a même été victime d’un complot monté par ses détracteurs. En effet, sitôt après sa mort et avec la complicité de son ex-épouse, ils ont publié un faux testament intellectuel. Une action dont le but avoué a été de salir durablement la mémoire d’Octave Mirbeau.
Ses livres devaient donc se faire rares dans les bibliothèques et son nom expédié, à jamais, dans l’armoire de l’oubli. Beaucoup l’ont cru. Mais en 1970 un éditeur (Hubert Juin) décide de republier ses romans. C’est le début de sa réhabilitation. En1980 ce sont les premières recherches universitaires en France. Enfin, sous la houlette de l’érudit et passionné Pierre Michel c’est, en 1990, la parution de la première biographie d’Octave Mirbeau. Depuis, c’est la résurrection : de colloques internationaux en conférences, de débats en lectures publiques, l’œuvre d’Octave Mirbeau a repris sa juste place au Panthéon de la littérature universelle.

Si vous ne connaissez pas encore Octave Mirbeau permettez-moi de vous conseiller, pour commencer, « Le journal d’une femme de chambre », « Le jardin des supplices » ou « Un gentilhomme ». Des livres que l'on trouve facilement dans les "vraies" librairies.
Eric Yung.

Aucun commentaire: