vendredi 16 avril 2010

FREDERIC FAJARDIE

IL Y A UN DEJA DEUX PIGES !

Frédéric Fajardie est mort le 1er mai 2008, il avait soixante ans. 
La totalité de son oeuvre littéraire est en cours de réédition.



 Frédéric H. Fajardie était un sacré personnage. Homme de gauche un tantinet libertaire il défendait des valeurs aristocratiques. Il croyait en l’amitié, à la fidélité et à l’honneur. Il aimait fraterniser avec ceux qui ne partageaient pas ses idéaux. La fraternité ? Il la plaçait bien au-dessus des oppositions idéologiques et philosophiques. C’était un grand cœur. C’était un humaniste. Frédéric Fajardie était proche de Prévert et d’Audiard ; il partageait avec eux l’effronterie et l’insolence. Il venait d’avoir soixante ans mais n’avait rien perdu de ses indignations lorsqu’il s’agissait de dénoncer l’injustice.
Il aimait les livres depuis sa plus petite enfance. C’est son père, un libraire, qui lui a appris que les romans détenaient en eux-mêmes les vraies richesses, donc les plus belles. D’ailleurs, il a toujours eu la sagesse de dépasser les clivages qui auraient pu l’éloigner d’un bon livre. « Peu importe qu’un écrivain soit réactionnaire ou conservateur, dès lors qu’il me donne du plaisir, c’est fondamental » a-t-il écrit. Quant à son œuvre, elle est considérable ! Elle compte une bonne vingtaine de romans noirs (tous réédités aujourd’hui). De nombreux critiques ont dit qu’il était, avec d’autres auteurs, l’un des créateurs du « néo-polar ». Encore faudrait-il que l’on définisse, avec précisions et savoirs, ce que serait le « néo-polar ». En revanche, il est vrai que ses premiers titres tels que « Tueur de flics » (un livre adapté, très librement, d' "Orestie", l'un des mythes de la Grèce antique) ou « La nuit des chats bottés » ont, en leur temps, bousculé les règles du genre. Mais l’œuvre de Fajardie c’est aussi la dizaine de romans dits classiques, les trois ou quatre romans historiques, les cinq romans pour la jeunesse et les centaines de nouvelles (on en compte près de 400 réunies dans deux gros volumes publiés par les éditions Fayart). Pour être complet, n’oublions pas de citer la centaine de pièces de théâtres ; pièces, pour la plupart d’entre elles, adaptées par les ateliers de création de Radio France, les quelques anthologies, une bande dessinée et les scénarios pour le cinéma. Souvenez-vous :
« Parole de flic » avec Alain Delon, c’est du Fajardie, « Ne réveillez pas un flic qui dort » film tiré de son roman « Clause de style » avec Delon et Michel Serrault, c’est encore du Fajardie. En tout il a signé cinq longs métrages. Quant aux séries télévisées elles sont trop nombreuses pour être citées ici. Notez seulement que David Lansky, le policier incarné au petit écran par Johnny Hallyday était une trouvaille de Fajardie. Mais Frédéric Fajardie n’est pas seulement un auteur de polars, il est aussi un écrivain romantique. Il nous l’a démontré avec, par exemple, « Un homme en harmonie ». Un roman dans lequel il décrit avec une sensibilité qui n’a d’égal que celle qui imprègne le « Clair de lune » une soirée hivernale passée dans un port Normand. Ainsi, durant quelques phrases, la magie du verbe a eu le pouvoir de confondre Fajardie à Maupassant. Plus tard, au cours des années 90 il s’est laissé emporter par la nostalgie ; celle de son adolescence. Il me l’a confié. C’est à cette époque qu’il s’est lancé dans l’écriture de : « Les foulards rouges » le « Voleur de vent », et « Le conseil des troubles », des livres de capes et d’épées.
Pour Fajardie l’écriture était certes, une aventure moderne, mais elle est restée chez lui un acte militant en faveur des plus pauvres. C’est sans doute pour cela qu’il animait, bénévolement, des ateliers d’écritures dans des lycées de banlieue réputés difficiles, une façon –selon lui- de faire aimer la littérature « à des mômes » et donc d’apprendre à des élèves démunis d’éducation la critique et la résistance.
Monsieur Fajardie vous avez été un bel auteur. Avec le temps le public dira que vous êtes un grand écrivain.

Eric Yung.


«Nous devrions tous estimer le montant maximum que nous pourrions réunir pour nos cautions, cela nous donnerait une idée de notre importance.»

Frédéric H. Fajardie - Libération - 13 janvier 2001

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