mardi 5 avril 2011

SUR LES TRACES DE PAUL LEAUTAUD.

UN LIEU UN ECRIVAIN – CHRONIQUE

"Il faut plaindre une époque de ne pas mieux comprendre l’esprit, de l’aimer si peu et de le supporter si mal." Paul Léautaud.


J’ose croire que Paul Léautaud est resté dans la mémoire collective des Courbevoisiens et Courbevoisiennes dont l'étrange (?) devise  est « CURVA VIA MENS RECTA » ce qui veut dire "Voie courbe et esprit droit" (selon le fils de l’empereur Hadrien 138/161) puisque l’auteur du « Petit ami » et surtout du « Journal littéraire » qui - faut-il le rappeler ? – a été écrit pendant 63 ans et compte 6500 pages, a habité, avec son père, au 3 avenue de la République ; c'est-à-dire presque à l’angle de l’avenue Marceau et de la rue Gauthier à Courbevoie.
En réalité, Paul Léautaud, né à Paris au 37 rue Molière en 1872, n’a pas gardé un très grand et bon souvenir de Courbevoie. Pourquoi ? Parce que le jeune Léautaud y a manqué d’affection. Raison pour laquelle il s’est vite libéré de la chape paternelle pour s’installer, avec sa nourrice, Marie Pezé, au l4 rue Clauzel dans le 9° arrondissement de Paris. Ils y ont occupé un tout petit logement que Léautaud, dans ses correspondances, a décrit ainsi : « Je revois parfaitement la petite chambre mansardée (…) que nous regagnions chaque soir vers les neuf heures et demie. (... ) Nous prenions un petit couloir obscur, qui jusqu’à l’escalier tournant d’une dizaine de marches au plus menait au sixième étage. La porte de la chambre était juste en face. Comme j’y étais bien dans cette chambre, et quelles heures tranquilles j’y ai vécues, bien plus heureux que dans les appartements paternels ! ». Un immeuble fréquenté par ce qu’il a appelé « les insoumises » ou les « fenestrières » c'est-à-dire les prostituées.
La silhouette un peu bancale de ce « clochard littéraire » était connue de tous les commerçants de la rue des Martyrs. Chaque jour, Léautaud, vêtu de haillons, la tête couverte d’un chapeau sans formes et dont le visage émacié aux petits yeux rieurs protégés par les verres de ses lunettes rondes, y déambulait. Chaque jour, il demandait au boucher, au charcutier, au boulanger et aux marchands des quatre saisons un peu de nourriture pour ses chiens et ses chats. Léautaud était un parisien du 9° arrondissement, « une région, a-t-il écrit, qui m’était la plus familière, celle où mes yeux s’emplissaient des images que je devais conserver toujours était celle qui est comprise entre les rues Notre-Dame-de-Lorette et Fontaine, les boulevards de Clichy et Rochechouart, et les rues Rochechouart et Lamartine ».
Reste que Paul Léautaud (pour pouvoir s’occuper de ses 300 chats, de ses 150 chiens, de son oie et de son singe renoncera à Paris pour s’installer, dès 1912, au 24 de la rue Guérard à Fontenay-aux-Roses. C’est là qu’il y finira sa vie.
Bref, pour une promenade littéraire vous pouvez –si vous le souhaitez- passer devant le 3 de l’avenue de la République à Courbevoie mais aussi vous rendre au musée Carnevalet où la chambre de Léautaud a été reconstituée.

Eric YUNG

Nota bene : On peut écouter les propos acerbes de Léautaud sur les écrivains de son temps. C'est un délice. Pour ce faire il suffit de se procurer l’intégralité des conversations qu’il a eu avec Robert Mallet. Des entretiens qui à l’heure du passage à l’antenne ont vidé, a-t-on dit, les rues de Paris et ont réuni les étudiants dans les bars du quartier latin. Par ailleurs, il est de notoriété publique que le général de Gaulle organisait son agenda pour ne pas rater Léautaud à la radio. Bref, sachez que ces fameux entretiens sont disponibles en coffret CD aux éditions Frémeaux.










Paul Léautaud.

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